Des origines de l’Université sinistrée (2) : le contrôle syndical du recrutement et de la carrière des enseignants universitaires au service de l’idéologie

Par UNI Archives

Le 20 mars 2021 à 15h25

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Le recrutement des enseignants des universités et des grandes écoles est réalisé selon un cursus honorum classique.

Après avoir obtenu les diplômes requis par les différentes filières, il est possible de postuler ou de concourir aux fonctions d’enseignement proposées par l’Education nationale, à l’Ecole ou dans l’Enseignement supérieur.

A l’Université, la responsabilité de l’enseignement est endossée au minimum par des titulaires de l’agrégation, détachés du Secondaire et regroupés dans la catégorie des Professeurs Agrégés (PRAG). Pour devenir Maître de conférences ou Professeur d’Université, les postulants doivent avoir un Doctorat, justifier d’un minimum d’années d’enseignement et de recherche universitaires ainsi que d’une habilitation à diriger des recherches.

Cette habilitation à diriger des recherches est délivrée par la section dédiée à la matière du Conseil National des Universités (CNU). Celui-ci est une instance consultative au sein du ministère de l’Education nationale, chargée de la gestion des carrières des enseignants-chercheurs (Maîtres de conférence et professeurs des universités). Les membres sont aux deux tiers élus par leurs pairs, les autres étant nommés par le ministère compétent pour l’Enseignement supérieur.

Ces élections sont évidemment animées par les syndicats professionnels enseignants, qui présentent candidats et programmes, pour influencer ensuite la politique générale des ministères chargés de l’Education nationale, dont les nominations au CNU sont un élément largement influencé par ces mêmes syndicats.

Il en résulte, par conséquent, que la politique et la philosophie des enseignements, leurs orientations et les modes qu’ils peuvent connaître, sont déterminées par ces organisations syndicales et politiques aux idées et programmes précis. Depuis Mai 68, la majorité des syndicats se revendiquent clairement “de gauche” ou “d’extrême gauche”. De sorte que, pour entamer et progresser dans une carrière universitaire, il peut être tactiquement intelligent d’apparaître comme adhérant aux idéaux, aux programmes et aux lubies de ces organisations qui composent les sections, les jurys, les conseils et les directions des établissements éducatifs, à tous les niveaux.

Par conviction sincère ou par carriérisme, de nombreux enseignants reprennent le credo majoritaire ou politiquement correct, qu’il vaut mieux ne pas remettre en cause afin de ne pas attirer malencontreusement l’attention sur soi, ce qui pourrait suffire à disqualifier pour l’obtention des postes et des fonctions convoités.

Ce contrôle politique et idéologique commence à s’exercer très tôt, lors des études en licence ou en master. Les enseignants militants, rarement majoritaires mais très actifs dans les cercles de pouvoir, détectent les réfractaires à la bien-pensance, cherchent et trouvent les opposants étudiants, recadrent les jeunes doctorants dont les sujets d’étude paraîtraient déplacés, et parfois, empêchent par tous les moyens possibles la progression annuelle ou le recrutement parmi les personnels chargés de TD, de cours ou ATER… Ou au contraire favorisent et promeuvent les partisans déclarés de la doxa, assurant ainsi une relative homogénéité doctrinale dans les sections des humanités les plus ouvertes aux idéologies de gauche : sociologie, philosophie, sciences politiques, arts et lettres.

Certaines sections demeurent réfractaires ou résistent mieux à cette imprégnation gauchiste. Les modes de recrutement spécifiques en droit, gestion et économie, avec le concours de l’agrégation toujours très exigeant, assurent un recrutement par le mérite qui préserve un tant soit peu ces filières du gauchisme intégral.

On comprend alors que, si une majorité d’enseignants n’est pas franchement “de gauche” dans une filière ou un établissement, elle juge préférable de s’afficher à minima comme sympathisante. Ce “marais” enseignant s’arrange ainsi pendant toute sa carrière pour ne pas faire de vague, ni dans l’enseignement prodigué, ni dans les recherches menées, dont les champs d’enquête sont toujours décidés par les minorités actives et politisées.

S’opposer dans ces conditions exige un courage, un caractère et une abnégation admirables, car la lutte syndicale et politique emporte de nombreux sacrifices : postes et mutations refusés, entourloupes en tout genre, rumeurs et diffamations diverses et variées, violences verbales et physiques ont parfois perturbé les carrières des représentants “modérés” ou “de droite” dans le monde universitaire.

La reproduction idéologique contrôlée par ces minorités ou syndicats actifs a constitué un ensemble enseignant qui, aujourd’hui, détermine le climat, la pensée générale et le contenu des enseignements et des recherches, d’où la multiplication des laboratoires et centres de recherches dédiés aux lubies progressistes : théorie du genre, indigénisme, décolonialisme, intersectionnalités, au détriment des secteurs traditionnels de la recherche en humanités.

Des établissements ont sciemment choisi de se spécialiser ou d’accorder une place prépondérante à ces champs d’études, repris des établissements nord-américains. Tous les concepts qui fondent ces idéologies y ont été créés, théorisés et formatés pour être facilement promu, et des personnels dévoués à la cause recrutés en nombre, créant ainsi une masse critique facilitant la défense de ces thèses au sein des filières et organismes. La vigueur et l’acharnement à promouvoir ces idées contribuent à valoriser les enseignants en question et assurent une renommée dans ces cercles qui sert ensuite à les exposer sur la scène publique. Les titres universitaires donnent une crédibilité à priori qui profite à la diffusion dans les media de ces théories militantes.

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