Les futurs membres en 2007 : la Bulgarie et la Roumanie

Par UNI Archives

Le 17 novembre 2005 à 11h50

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L’année 2004 a vu l’admission simultanée de 10 nouveaux pays, dont nous avons fait la très rapide présentation dans nos articles sur les pays membres. Cet élargissement massif a suscité bien des commentaires, quant à son opportunité, son ampleur et sa composition. Tel ou tel pays fut ainsi critiqué, et bien des fantasmes resservis sur l’évasion industrielle et économique suppoée à laquelle nous allions devoir assistés sans pouvoir réagir, puisque, principalement, certians nous affirmaient que les “patrons” sans pitié n’hésiteraient pas à délocaliser dans ces Etats aux structures sociales et financières bien plus favorables, c’es-à-dire moins coûteuses…

Discours simpliste, affolant et inconscient, qui eut pour résultat, entre autres, de nourrir, parmi les Quinze, la crainte de certaines catégories de populations soucieuses de leur avenir économique. Cette peur alimenta le vote du 29 mai dernier en défaveur de la Constitution européenne ; cette peur suscite aujourd’hui encore une défiance vis-à-vis d’une Union européenne pourtant largement bénéfique pour nos pays.

La calendrier institutionnel européen a déjà entériné l’adhésion de deux membres supplémentaires en 2007, la Bulgarie et la Roumanie, dont les dossiers représentaient et représentent encore des sujets de polémiques vifs.

Il est évident pour tous, même pour les europhiles les plus aveugles, que la situation de ces deux Etats n’est pas comparable à celles des Quinze ou des Dix de 2004, à la fois au niveau politique, social, économique, écologique ou stratégique. Mais ce nouveau pas vers l’Est a pour objectif principal d’emporter vers le modèle occidental deux Nations dans lesquelles certaines nostalgies post-communistes subsistent encore, ainsi que des réflexes autoritaires larvés. Ces adhésions sont donc politiques avant d’être économiques.

On peut présenter rapidement les deux candidats :

1. la Bulgarie

DONNEES ANALYTIQUES : Capitale : Sofia ; Population : 8,1 millions d’habitants ; Monnaie : le lev.

PRESENTATION GENERALE : située entre la Grèce au sud et la roumanie au nord, la bulgarie possède une seule façade maritime donnant sur la Mer Noire. Sofia est peuplée de 1,3 millions d’habitants et est située au coeur des montagnes à l’est du pays.

Indépendante des Turcs depuis 1908, la Bulgarie est majoritairement orthodoxe, avec de fortes minorités musulmane et uniate (orthodoxes reconnaissant l’autorité du Pape romain). Le cyrillique est l’alphabet officiel, comme en Russie et en Grèce.

La Bulgarie s’était ralliée à l’URSS en 1944, après avoir été d’abord alliée de l’Allemagne. Occupée par l’Armée Rouge, le pays abandonna le régime monarchique, en renversant le roi Siméon II, âgé de six à l’époque. Membre influent et puissant du Pacte de Varsovie et du Bloc communiste, la Bulgarie fut l’un des derniers Pays de l’Est à renverser sa dictature. Secouée par des difficultés politiques et économiques importantes, le pays mit longtemps avant d’entreprendre sa transition vers l’économie de marché : le retour du roi Siméon II d’exil en 2000 lui permit de remporter les législatives de 2001 et de devenir Premier Ministre. Sa politique réaliste a permis au pays de rattraper de nombreux retards, dans tous les domaines et de satisfaire la plupart des critères d’adhésion. Les dernières élections ont vu se former une coalition entre monarchistes et socialistes.

2. la Roumanie

DONNEES ANALYTIQUES : Capitale : Bucarest ; Superficie : 237550 km2 ; Population : 22,4 millions d’habitants ; Monaie : le leu.

PRESENTATION GENERALE : L’Etat roumain a accédé à l’indépendance à la moitié du 19ème Siècle, grâce à l’appui des grandes puissances européennes. Etat tampon entre l’Autriche et la Russie, la Roumanie sut jouer des circonstances politiques favorables à la fin de la Première Guerre Mondiale pour multiplier par deux son territoire, en acquérant sur la Hongrie la Transsylvanie.

La dictature royale des années 30 eut pour fâcheuse conséquence de préparer l’opinion roumaine à la chute de la dynastie en 1948, et au ralliement au Bloc soviétique. Pays d’économie traditionnelle, la Roumanie eut à souffrir de la dictature de Nicolae CEAUSESCU, qui pratiqua une violente répression contre toute opposition, et la révolution de décembre 1989, ne fut qu’une tentative des anciens chefs communistes de diriger des transformations politiques inévitables.

Economiquement, la Roumanie est le plus pauvre des actuels pays candidats : même la Turquie a un PNB supérieur. Les crises politiques, sociales et économiques ont empêché tout décollage jusqu’en 1999, année à partir de laquelle de nouveaux responsables purent émerger.

En 2004, la Roumanie est entrée dans l’OTAN. Demeurent de graves problèmes de droits de l’homme, vis-à-vis des minorités, surtout roms. Il est clair pour tous les observateurs que l’adhésion programmée de 2007 est une décision soit prématurée soit qui nécessitera durant deux années encore des efforts considérables…

Il est évident que l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’Union parachèvera aussi l’entrée de l’Union européenne dans l’ancienne aire d’influence russe, déjà entamée avec les entrées baltes et polonaise. Nombreux ont été les discours et déclarations du président POUTINE mettant en garde l’Union quant à d’éventuelles velléités d’intervenir dans des zones considérées comme privilégiées pour la diplomatie et la défense russes.

La rencontre de ces deux sphères en développement induit une confrontation plus ou moins violente, plus ou moins évidente, entre les intérêts des deux masses politiques : énergies, ressources naturelles et agricoles, espaces vitaux, aires stratégiques et frontières communes sont autant de motifs et d’occasions de collaborations, mais surtout de disputes ou d’incompréhension. Le nationalisme russe a tendance aujourd’hui à présenter l’Union comme l’agent de liaison des Américains, ou au moins, d’un modèle politique et civilisationnel concurrent, à tous les niveaux. L’orthodoxie religieuse et politique relaie vigoureusement cette défiance vis-à-vis des mondes catholique et protestant, perçus comme autant de menaces pour l’unité et la préservation de “l’âme russe”. Tous moyens dont le président POUTINE ne se prive pas d’user, pour ressouder une population en difficulté et menacée par les problèmes tchétchène et caucasiens…

De telle sorte que ces extensions successives vers l’Est auront à obliger l’Union à s’interroger enfin sur ses limites, ses enjeux, ses objectifs présents et à venir, sur sa philosophie générale et tout simplement son rôle sur l’échiquier diplomatique mondial. C’est un ensemble de questions que l’hypothèse turque a déjà soulevé, mais que 2007 avivera de façon bien plus pressante, puisque nous parviendrons ainsi pratiquement aux frontières extrêmes du continent européen, à la fois politiques et géographiques.

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