Allemagne : le piège de la Grande Coalition

Par UNI Archives

Le 19 octobre 2005 à 16h11

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La situation politique héritée du scrutin du 18 septembre dernier (cf articles précédents) a nourri les commentaires souvent enflammées des très nombreux spécialistes de la vie politique allemande, à la fois en Allemagne et dans toute l’Europe.

En allemagne, les lendemains d’élections ont réservé des surprises de taille : les Verts ont semblé hésiter un certain temps, Joschka FISCHER en tête, quant à l’hypothèse improbable d’une alliance avec les partis de droite, CDU/CSU et FDP. On a vu le SPD et Gerhard SCHRÖDER jouer les divas insupportables avant de se décider à envisager des pourparlers avec le parti d’Angela MERCKEL. On a pu constater la totale incapacité du parti néocommuniste Die Linke à proposer autre chose que des recettes collectivistes et utopiques pour sortir l’Allemagne de ses difficultés actuelles.

Depuis le dimanche 16 octobre dernier, l’Allemagne se trouve doté d’un gouvernement de stricte raison, obligeant la patronne de la CDU, Angela MERCKEL, future Chancelière, à composer avec le parti de gauche, le SPD dirigé par le futur Vice-Chancelier Franz Mütefering, afin de sortir de l’impasse politique. Pour beaucoup, ce mariage de la carpe et du lapin n’augure rien de bon, mais les deux partenaires forcés affirment avec une vigueur crédible leur volonté de penser à l’avenir de leur pays, et donc d’oeuvrer ensemble pour mener des réformes au contenu grosso modo approuvé et dans le fond et dans la forme. C’est, pour le coup, un exemple remarquable de maturité et de responsabilité politique, puisque les anciens adversaires ô combien acharnés de la campagne électorale veulent faire preuve de réalisme et dépasser les griefs que les uns et les autres pouvaient entretenir. Une seule priorité, malgré tout : l’Allemagne.

Pour autant, la plateforme électorale autour de laquelle les deux partenaires contraints ont dû tomber d’accord peut réserver, et réservera très certainement, des surprises au nouveau gouvernement : en effet les militants des deux partis ont fait savoir bruyamment leur mécontentement commun devant un attelage si contre-nature. Les propositions libérales et conservatrices de Madame MERCKEL devront être édulcorées, au risque de perdre leur pertinence. Les exigences sociales voire socialisantes des membres SPD du Cabinet pourront susciter bien des grincements de dents au sein du patronat ou de l’électorat CDU/CSU. Les partis exclus de la Coalition, en particulier le FDP qui se voyait déjà au pouvoir, ne manqueront pas de souligner à l’envi les défauts et les errements d’un gouvernement fait de bric et de broc.

Les électeurs allemands seront certainement très attentifs et dubitatifs par rapport aux mesures adoptées, et pourraient être tentés, en cas de désillusions répétées, de voter, la prochaine fois, pour des partis et des candidats plus radicaux, voire extrêmes. La Coalition devra éviter le piège d’apparaître comme le symbole de la confusion et ne pas susciter une réaction de rejet total des “appareils“, sur le thème des “tous pareils, il faut que ça change !“…

Evidemment, nous avons trop d’amitié et d’admiration pour nos voisins allemands pour leur souhaiter pareil scénario : il est probable que la première femme Chancelière de l’Histoire allemande saura démontrer sa grande capacité d’adaptation et de compromis, comme elle avait déjà su le faire dans les différents postes et responsabilités qu’elle eut à assumer jusqu’à aujourd’hui. La variable “MERCKEL” est en effet l’élément décisif qui décidera de la réussite ou de l’échec rapide de ce nouvel attelage hybride de la politique allemande. Ses vertus et ses capacités devraient assurer une paix des braves entre les caciques du nouveau gouvernement, en particulier entre Edmund STOÏBER et Franz MÜTEFERING, dont on sait qu’ils se détestent cordialement.

Ce sera passionnant de voir l’évolution de ce gouvernement ; il sera savoureux d’écouter et de lire les commentaires avertis et définitifs que ne manqueront pas d’en faire nos commentateurs franchouillards et politisés !

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