Contrairement à ce que prétend le journal “le Monde”, les aides au logement des étudiants sont menacées !

Par UNI Archives

Le 16 novembre 2012 à 14h46

UNI

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Quand on pratique le journalisme partisan, le risque consiste souvent à faire passer la vérité et la précision après l’objectif militant. Heureusement, les épreuves de déontologie n’ont jamais été éliminatoires dans les écoles de journalisme et la carte de presse de Samuel Laurent n’est pas menacée.

Poussé sans doute par son envie d’écrire un papier à charge contre l’UNI, le journaliste du Monde a publié, sur son blog, sans avoir pris la peine de nous contacter (de peur sans doute que nos explications contredisent sa thèse), un billet qui participe plus de la désinformation que de l’information.

Pour ce journaliste, le syllogisme est simple. L’UNI est de droite. La droite ment sur la politique du gouvernement, donc l’UNI ment et les aides au logement pour les étudiants (APL et ALS) ne sont pas menacées puisque c’est l’UNI qui le dit.

Retours sur les faits. Pourquoi les ALS sont menacées ?

La grand-mère de Martine Aubry nous avait prévenu : “ Quand c’est flou, il y a un loup”. En la matière, le flou est savamment entretenu par le gouvernement. Le 18 septembre, lors de sa conférence de presse, la ministre Fioraso a indiqué qu’elle souhaitait repousser l’ensemble des discussions sur la création et le financement d’une allocation d’autonomie au lendemain des élections CROUS.
Pourquoi une telle dérobade politique, si ce n’est pour reporter, après les élections, l’annonce de mauvaises nouvelles ?

Les élections des représentants étudiants dans les conseils d’administration des CROUS qui se tiendront du 20 au 30 novembre, ont toujours été l’occasion pour les étudiants de s’exprimer sur les questions liées aux aides sociales. Alors pourquoi ne pas profiter de ces élections pour interroger l’ensemble des étudiants ? Que souhaite cacher le gouvernement aux étudiants ?

L’UNI-MET avait interpellé Madame Fioraso dès sa nomination sur les modalités de mise en oeuvre de l’allocation d’autonomie. Les réponses furent évasives. Le gouvernement, comme le PS durant la campagne, évoque la création d’une allocation d’autonomie versée sur conditions de ressources dans le cadre d’un parcours d’autonomie, sans en préciser ni les modalités de versement (quels critères de ressources seront retenus, puisque les revenus des parents semblent exclus ? ), ni le montant (se contentant d’affirmer qu'”elle sera d’un montant suffisant”).

Quant au coût de la mesure, le gouvernement affirme que la première année, celle‐ci sera intégralement financée par la fusion de l’ensemble des aides existantes (bourses sur critères sociaux, aides au logement, demi-part fiscale) destinées aux étudiants, soit 4,54 milliards d’euros.

Cette fusion entrainerait mécaniquement la suppression des ALS et APL et de la demi-part fiscal. L’UNI n’est, d’ailleurs pas la seule organisation à nourrir des craintes sur ces suppressions.

En effet, l’UNEF, le syndicat de gauche affirme lui aussi dans un tract que les aides au logement sont menacées. Si le syndicat de gauche n’évoque pas la disparition de le demi-part fiscale, c’est simplement parce qu’il la soutient.

Il n’y a bien que Samuel Laurent qui soit convaincu que les aides au logement ne sont pas menacées, sans doute parce qu’il n’a jamais suivi les négociations sur ce sujet.

La suppression de la demi-part fiscale empêchera de prendre en compte le revenu des parents et conduira à saupoudrer les aides sociales sur l’ensemble des étudiants.

En supprimant la demi-part fiscale pour des raisons essentiellement idéologiques, le gouvernement créerait une véritable usine à gaz. En effet, en l’absence de la demi part-fiscale, les étudiants n’auront aucun intérêt à se rattacher au foyer fiscal de leurs parents. Ils seront donc considérés comme des foyers fiscaux autonomes.

En raison du secret fiscal, l’administration des CROUS ne peut se référer qu’au revenu du foyer auquel l’étudiant est rattaché pour calculer le montant des aides qui lui seront versées. La très grande majorité des étudiants, s’ils se constituent en foyer fiscal autonome, n’auront que de très faibles revenus, ce qui mécaniquement les rendra éligibles aux bourses ou à la future allocation d’autonomie. Dans ce cas, cela signifierait que l’allocation moyenne ne dépasserait pas 131 euros par mois (ce qui correspond à peine à l’échelon 1 des bourses sur critères sociaux).

Cette allocation ne sera qu’une mesure de saupoudrage faisant de nombreuses victimes, au premier rang desquelles les 373 625 boursiers les plus pauvres, ainsi que les 671 478 étudiants (100 597 d’entre‐eux touchent l’APL et 570 881 l’ALS) qui perçoivent les ALS et les APL, dont le montant moyen est de 159€ par mois (chiffres de 2009).

La suppression des aides au logement entraînera des problèmes de logement insurmontables pour les étudiants des classes moyennes.

Les dépenses liées au logement représentent en moyenne 25 % du budget des étudiants, selon une étude réalisée en 2006 par l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE). C’est le poste budgétaire qui a crû le plus vite durant les dix dernières années.

Chaque année, près de 1 400 000 étudiants cherchent à se loger hors du domicile de leurs parents. Près de la moitié d’entre-eux finance ce projet grâce à une aide au logement ALS ou APL (montant moyen de 190 euros par mois sur 10 mois).

La suppression de ces aides pénalisera près de 700 000 étudiants et contraindra, nombre d’entre-eux, à se tourner vers le parc de logements CROUS qui est déjà totalement saturé.

La suppression de la demi-part fiscale : une attaque contre la famille

L’autonomie des jeunes ne se construit pas contre la famille, mais avec elle. Entre 19 et 24 ans, 9 étudiants sur 10 bénéficient d’une aide régulière de leur famille, qu’elle prenne la forme de versements monétaires, d’une aide au logement ou de la participation aux dépenses alimentaires (INSEE).

Les familles sont ainsi un réel soutien moral et matériel pour les étudiants, notamment, pour ceux des classes moyennes qui de facto n’ont pas accès au logement CROUS.

En effet, l’OVE relève que « la hausse des dépenses de logement a plus touché les étudiants décohabitants qui dépendent encore fiscalement de leurs parents » Face à l’importance de ce type de dépense, « ce poste est très souvent à la charge des parents ». En effet, « selon l’enquête OVE 2006, un peu plus de 40 % des étudiants vivent chez leurs parents ou dans un logement appartenant à leur parentèle, et parmi ceux qui sont locataires, quatre sur dix ont leur loyer payé en partie ou en totalité par leurs parents. »

“Les aides de la famille sont ainsi la principale source de revenus des jeunes étudiants ne vivant plus chez leur parents”, selon l’INSEE.

La suppression de la demi-part fiscale pénalisera les familles, notamment celles des classes moyennes, et réduira les moyens qu’ils peuvent allouer à leurs enfants étudiants. 

Rappelons enfin que la demi-part fiscale est déjà plafonnée, ce qui évite que les ménages les plus aisés en tirent un trop grand avantage.

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