Par UNI Archives
Le 14 septembre 2006 à 20h21
C’est dans le cadre de la mission d’information parlementaire sur la santé et la protection sociale des étudiants, dont la présidence a été confiée au député UMP Laurent Wauquiez, que l’UNI a été auditionnée, mercredi 13 septembre 2006, afin de faire part de ses propositons sur le sujet.
Voici la contribution écrite que l’UNI a fournie aux membres de la mission à la suite de son audition.
La santé des étudiants : l’éternel parent pauvre de l’enseignement supérieur
La santé des étudiants a jusqu’à présent été traitée comme une question subsidiaire. Pourtant, il existe au sein de la population étudiante des problématiques sanitaires et sociales spécifiques.
De la dernière enquête conduite en 2005 par les mutuelles régionales de l’USEM, il ressort que malgré une appréciation globale satisfaisante de la santé, il existe, chez les étudiants, un degré de souffrance psychique qui se traduit par une proportion importante de pensées suicidaires (10% des étudiants), ainsi qu’une période longue (de plus de 15 jours) dans l’année écoulée où ils se sont sentis en situation de mal être (environ 30% des étudiants). Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’elle est parfois associée à des consommations importantes voire excessives de médicaments, de tabac (10% au-delà de la consommation moyenne des Français), de cannabis (20% des étudiants déclarent consommer de façon régulière cette drogue) et d’alcool (10% des étudiants déclarent avoir une consommation d’alcool importante ou excessive).
L’absence de réforme de l’université nuit à la santé des étudiants
Les difficultés que rencontrent les étudiants dans leurs cursus (mauvaise orientation, échec universitaire, difficulté d’insertion professionnelle, isolement…) ont une répercussion directe sur leur état de santé et leur « souffrance psychologique ». C’est souvent le début d’un cercle vicieux où la fragilité sanitaire et psychologique accentue le risque d’échec qui lui-même enfonce l’étudiant dans une situation de détresse.
L’isolement est un facteur aggravant. En cas de difficultés, l’environnement, notamment familial joue un rôle très important. Il faut donc veiller à ne pas déséquilibrer l’équilibre qui peut qui peut être précaire entre les étudiants et leur famille.
La médecine préventive : une culture à intégrer
Il ressort de ces enquêtes que les étudiants sont incontestablement intéressés par leur santé et la manière de la préserver. Cela suscite chez eux une demande croissante d’actions de prévention.
Malheureusement, les structures actuelles de médecine préventive sont souvent marginalisées au sein des autres structures universitaires et elles sont de fait délaissées par les étudiants.
Une protection sociale inadaptée aux nouveaux parcours universitaires
En matière de protection sociale, le principal problème réside dans le fait que les étudiants constituent une frange de la population particulièrement morcelée. En conséquence il existe aujourd’hui une grande disparité dans la prise en charge de leur santé qui varie en fonction de leur statut (selon qu’ils soient salariés, apprentis, stagiaires…) et de leurs filières. Suivant les cas, ils seront soit soumis au régime obligatoire des salariés, soit affiliés à une mutuelle étudiante. Il arrive ainsi fréquemment que la protection sociale d’un étudiant, au cours de son parcours universitaire, soit gérée par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie puis par une mutuelle étudiante, en fonction de ses activités professionnelles.
Cette situation pénalise l’étudiant et conduit à un système de protection sociale illisible et peu efficace.
Pour une visite médicale obligatoire en première année
Alors que l’ensemble des primo arrivants à l’université doivent s’acquitter d’une somme forfaitaire correspondant au coût de la visite médicale à laquelle ils sont invités à se rendre, seuls 30% d’entre eux, en moyenne, souscrivent en définitive à celle-ci. Si cette situation permet, paradoxalement, de sauver le système (aucune université n’ayant aujourd’hui les moyens humains d’accueillir tous leurs étudiants de première année), elle ne permet pas en revanche d’instaurer une véritable veille sanitaire efficace. Cette visite médicale obligatoire pourrait éventuellement être étendue à l’ensemble des étudiants des grandes écoles et d’IUFM qui se trouvent à l’heure actuelle totalement dépourvus de toute structure d’accueil en matière de médecine préventive.
Favoriser les actions de prévention
Les services de la médecine préventive universitaire (MPU) doivent améliorer leur rôle de prévention en accentuant leurs efforts en matière d’information à destination des étudiants. Les dernières enquêtes réalisées sur le sujet le prouvent, les étudiants dans leur ensemble jugent les campagnes de prévention efficaces et sont demandeurs de nouvelles opérations de terrain. Il pourrait donc être envisagé d’exporter les actions de prévention en dehors des universités, notamment sur les lieux particulièrement fréquentés par les étudiants (résidences universitaires, discothèques, bars, restaurants, cinémas…).
Etablir une politique de santé plus efficace par la création de guichets de santé
La multiplicité des acteurs en charge de la santé des étudiants à l’université nuit à l’efficacité de l’ensemble du dispositif. La création de guichets de santé dans chaque université permettrait de coordonner l’action de l’ensemble de ces acteurs (services de la MPU, bureaux d’aide psychologique « BAPU »…) en les rassemblant sur un même site dont l’emplacement serait connu de tous les étudiants et dont les plages horaires d’ouverture seraient en adéquation avec leur emploi du temps. Afin d’accroître les capacités d’accueil des étudiants et rendre possible le passage d’une visite médicale obligatoire pour tous les primo arrivants, il pourrait être envisagé d’intégrer au sein de ces guichets des étudiants issus des filières médicales, qui auraient ainsi la possibilité d’y accomplir une partie de leur formation.
Pour une protection sociale mieux reconnue et plus lisible
Afin de décliner une couverture sociale plus efficace nous proposons à l’ensemble de la population étudiante un statut mieux reconnu et plus clair. La gestion de la protection sociale étudiante serait alors attribuée à un opérateur de santé unique qui serait le même durant tout le parcours universitaire de l’étudiant et qui aurait le mérite d’éviter d’éventuels allers-retours entre régimes de sécurité sociale qui pénalisent les étudiants.
Pour un fractionnement des droits de la sécurité sociale étudiante
Lorsqu’un étudiant s’inscrit à l’université, il a à payer, en une traite, plus de 180 euros. Le fractionnement des droits de sécurité sociale permettrait à tous les étudiants, notamment ceux issus des classes moyennes qui ne bénéficient d’aucune bourse, de mieux supporter le coût de la rentrée qui constitue traditionnellement la période la plus onéreuse de l’année. Cet allègement des charges permettrait également de favoriser l’accès des étudiants aux soins et pourrait être également associé à un fractionnement de l’accès aux complémentaires santé.
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