Par UNI Archives
Le 25 janvier 2020 à 16h28
La parution de chaque classement PISA et toutes les études de compétences le prouvent : les jeunes Français ont de plus en plus de difficultés à acquérir et maîtriser les compétences scolaires constituant l’instruction indispensable à notre temps.
Les sociologues les plus écoutés et les pédagogues de tout poil -généralement de gauche (évidemment ?)- avancent alors pour expliquer le phénomène moults explications alambiquées concernant les changements de mode de vie, le développement des nouvelles technologies, les méthodes d’enseignement efficaces mais mal appliquées, la transformation du métier et des exigences de l’enseignant, les nouvelles exigences parentales et même certaines modifications biologiques chez les jeunes générations… De nombreuses explications cache-sexe d’une Bérézina éducative dont les origines sont d’abord à rechercher dans le vaste n’importe-quoi qui a été créé depuis Mai 68 et les réorganisations démagogiques et dogmatiques subies par l’Education nationale.
Jamais ces explications n’abordent les problèmes qui ont été suscités par l’idéologie déconstructiviste qui a démoli en totalité l’architecture classique de l’enseignement : à force de réduire le nombre d’heures d’enseignement, de multiplier les matières parfois exotiques et de ne pas se concentrer sur celles qui structurent un cerveau d’homme (français, mathématiques, histoire et éducation civique), l’instruction sensément dispensée par les professeurs a perdu en intensité, en exigence, en profondeur et en suivi. Dans toutes les matières aujourd’hui, on butine, on thématise, on réduit le contenu et les ambitions d’acquisitions demandées aux élèves. Sachant que, de toute façon, le redoublement n’existe pratiquement plus (il est mal vu et les parents qui, cas exceptionnel, le voudraient sont traités comme des empêcheurs de fonctionner en rond !), on n’a plus comme ambition que de maintenir coûte que coûte le flux des élèves, bons ou mauvais, qui doivent passer d’un cycle à l’autre.
L’arrivée d’innombrables élèves en difficulté dans les terminales oblige les professeurs de l’année de préparation au baccalauréat à multiplier les entourloupes pédagogiques et les faux-semblants d’évaluation : on sait que les jurys du bac sont de vraies lessiveuses à crétins, qui peignent une couche de verni sur une planche pourrie. On obtient vite 80% d’une classe d’âge détentrice du baccalauréat en ne notant plus qu’au doigt mouillé…
La “fabrique du crétin” -titre d’un livre à succès dont la lecture écoeure le quidam et traumatise celui qui s’intéresse à la chose scolaire- tourne à plein pour masquer ses méthodes destructrices et ses résultats calamiteux. La chose est d’autant plus cruelle, que de nombreuses niches existent pour surnager sur l’océan de médiocrité proposé au bon peuple : imagine-t-on les enfants de la Nomenklatura parisienne frayer avec ces Français que l’on méprise et à qui on ne propose plus qu’une sous-culture et une sous-éducation ? Henri IV et Stanislas ou Louis le Grand par exemple, sont les viviers préservés, comme d’autres écoles payantes et sélectives, de la nouvelle noblesse d’Etat et ses alliés médiatiques ou industriels.
Si l’on observe en effet ce qui est dispensé dans ces établissements protégés et finalement d’élite et ceux du commun, que voit-on ? L’exigence des apprentissages demeure ; les codes de la bonne éducation sont entretenus ; la compétition règne ; les notes sont sévères et les connaissances requises nombreuses. Le mérite, le travail, l’émulation y restent des “valeurs” ou des “méthodes” d’enseignement préservés et promues sans relâche, alors qu’ailleurs l’égalitarisme débridé casse tous les codes et débande toute l’institution. Les enfants des introduits du système, eux, n’ont aucun problème d’orientation, ni au collège ni au lycée, ni dans l’enseignement supérieur. Leurs parents connaissent le système et ses dérives, et surfent silencieusement sur les non-dits pour assurer à leurs enfants les meilleurs choix possibles. Ils vont rarement en faculté, sauf exceptions à concours d’entrée, et se précipitent dans les grandes écoles, les filières internationales, toutes les voies royales assurant à la fois des emplois épanouissants et bien payés et la fréquentation de milieux privilégiés et déconnectés de la vie commune avec le peuple lambda.
Chez ceux-là, le niveau d’éducation n’est pas en baisse de façon notable. Leur maîtrise des codes de la civilité les singularise du tout-venant et accélère leur recrutement au sein des cercles supérieurs du pouvoir, de l’entreprise ou du monde médiatique et intellectuel. Le bon et brave peuple, lui, doit se coltiner les conséquences du naufrage de masse des institutions : sans informations réelles sur les filières d’excellences et les moyens de contourner les règles communes, les parents perdus dérivent au fil du courant toujours plus agité et dangereux de la crétinisation et de la déresponsabilisation des enfants. Les leurres sont nombreux, l’orientation inexistante au collège et au lycée, qui font croire aux crédules que tout un chacun peut être artiste, sociologue, avocat ou médecin sans un maximum de prérequis et un minimum de relations. L’absence d’entregent précipite les élèves dans le trou noir du marché de l’emploi, dont il est extrêmement difficile de sortir sans aide. Le ramdam ambiant a décrédibilisé les voies de formation professionnelle, pourtant indispensables au bon fonctionnement de l’économie, au point de rendre impossible pour les entreprises un nombre effarant de recrutements. A côté d’un chômage endémique, le nombre de postes non pourvus explose d’année en année !
Mais au fond, ce problème n’est plus celui de l’Education dite nationale. Comme bon nombre d’administrations dépassées, ses derniers objectifs ne sont plus que la gestion de flux et l’étouffement du moindre scandale en son sein : la violence scolaire et les délits et crimes qui se déroulent dans les établissements de tout niveau sont tus, minorés, expliqués à la sauce pédago, ravalés au rang d'”incidents” et de bêtises” d’enfants pas sages, puisque l’objectif de facto est de tromper les parents encore trop naïfs dans bien des endroits.
Cette illusion est entretenue de manière de plus en plus cynique, à la fois par des syndicats professionnels aux abois, sans adhérents mais gavés de subventions et d’idéologie obsolète et par un milieu germanopratin d’intellectuels et de politiques à la ramasse, qui n’ont plus que le faux-semblant comme pensée. S’ils reconnaissaient leurs erreurs pluri-décennales, il en serait fait de leur parole et ils risqueraient de disparaître du paysage social et politique : la tragi-comédie perdure donc, de plus en plus pathétique, sans illusion de leur part, comme le condamné qui sait son heure venue. Leur mépris de classe apparaît maintenant aux yeux de tous de façon évidente et leurs mensonges répétés sont découverts et criés sur la place publique toujours plus véhémentement par une population excédée. Le problème étant que la désillusion générale s’accompagne d’un ressentiment profond et virulent, capable d’engendrer des réactions de colère excessives et des choix électoraux radicaux pour l’avenir !
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