ENJEUX ET PROBLEMATIQUES 2009 (1) : Drogues, ce qu’on ne vous dit pas…

Par UNI Archives

Le 6 juin 2009 à 14h57

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Article paru dans le Valeurs Actuelles du 30 avril 2009, par Xavier RAUFER, criminologue.


Nous vous proposons ci-dessous un article de Xavier RAUFER, criminologue de renom, qui présente de façon percutante, les enjeux et la situation des trafics de drogues -faussement douces, et toujours très dures malheureusement ! Cet article sera le premier d’une série estivale d’articles analysant des enjeux et des problématiques trop délaissés par les médias ou la sphère politique, qui n’y trouvent peut-être pas assez de motifs de briller ou de se vanter…

Le paradoxe est frappant : alors que, de toutes parts, les signaux d’alarme convergent pour démontrer l’explosion du trafic de stupéfiants -les criminologues, les policiers, mais aussi les médecins le savent lieux que quiconque-, les sujet semble intéresser de moins en moins les médias. Voici donc quelques nouvelles que vous n’aurez pas trouvées dans vos journaux ces temps derniers.

Cocaïne : pour le ministre de la Défense de Colombie (pays qui produit 55% de la cocaïne mondiale), le marché européen de cette drogue a rattrapé celui de l’Amérique du Nord. En Grande-Bretagne, l’unsage de la coke a quadruplé en dix ans, tandis que le prix de la drogue baissait de moitié – signe d’un grave échec répressif. Au Mexique, le narcotrafic vers les Etats-Unis rapporte (au prix du gros) 25 milliards de dollards par an, avoue Hillary CLINTON (secrétaire d’Etat du gouvernement OBAMA). Ce pactole déclenche bien spur de féroces guerres entre cartels, si bien que la ville mexicaine de Tijuana (à la frontière californienne) a un taux d’homicides désormais supérieur à celui de… Bagdad !

Mais combien de cocaïne produit-on en Amérique latine ? Mille tonnes par an, disent, à quelques nuances près, l’ONU et les Etats-Unis. Or, après de longues recherches en Colombie, une ONG italienne spécialisée déclare ces chiffres “grotesques”. Compilant et vérifiant les données de terrain, notamment obtenues auprès de l’Observatoire national des drogues de Colombie, l’ONG arrive à un total (restrictif) de 2000 tonnes de cocaïne par an (pour la seule Colombie !). Un chef paramilitaire et narcotrafiquant colombien déclare ainsi que là où l’ONU “voit” environ 1500 hectares de cocaïers dans la province de Cordoba, il y en a en réalité plus de 15000 !

Héroïne : premier succès, proclame l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue (ONUCD) : en 2007, il y avait 193000 hectares plantés en pavot en Afghanistan et 157000 en 2008 (produisant 7700 tonnes d’opium). Oui, mais à la place du pavot, les fermiers afghans ont planté… du cannabis. Leur pays devenant ainsi “l’un des principaux producteurs de cannabis au monde” : 70000 hectares en 2008. Ainsi il y a désormais en Afghanistan 230000 hectares de terres produisant des stupéfiants, contre environ 200000 en 2007. Où est le succès ? Et le programme de lutte contre la drogue en Afghanistan ? Pour Richard HOLBROOKE, envoyé du président OBAMA en Asie Centrale, “c’est le plus coûteux [800 millions de dollars par an] et le plus inefficace [qu’il ait connu] depuis plus de quinze ans”. Il n’a pas gêné les taliban “d’un iota”. Qui plus est, le Triangle d’Or (aux confins de la Birmanie, du Laos et de la Thaïlande) redémarre. Jadis zoe majeure de production d’opium et de d’héroïne, il était en passe d’être débarrassé des narcocultures. Or, depuis 2008, les pavots fleurissent de nouveau sur les collines et dans les vallées. Près de 800 tonnes d’opium y ont été produites en 2008 (la moitié en Birmanie), soit de quoi fabriquer quelques 70 tonnes d’héroïne.

Comment, alors, combattre les narcotrafics ? En déclenchant une prise de conscience des pays concernés ou en éludant comme on le fait souvent -notamment à la Commission européenne, dont les rapports édulcorés présentent quasiment l’Europe comme le pays des Bisounours ?

Récemment, le directeur exécutif de l’ONUDC a rappelé que “les stupéfiants ne sont pas dangereux parce qu’on les interdit, mais qu’ils sont interdits parce qu’ils sont dangereux”. Il a aussi averti : la maladroite “guerre à la drogue” du président BUSH a “enrichi les cartels” qui infiltrent désormais des pays du Sud pauvres et fragiles (Amérique latine, Afrique).

Tout succès futur contre les narcotrafiquants ne pourrait donc provenir que d’une prise en compte de cette situation par les pays développés, seuls à disposer de moyens de lutte vraiment efficaces.”

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