Entretien avec M. Patrick BEAUDOUIN

Par UNI Archives

Le 15 décembre 2004 à 0h00

UNI

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Député de Saint-Mandé, Vincennes, Fontenay-sous-Bois.
Maire de Saint-Mandé et membre du groupe de travail sur l’apprentissage.
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Monsieur le député, vous venez de présenter les conclusions du groupe de travail sur l’apprentissage qui avait été installé en juin dernier par le ministre délégué aux PME, Christian Jacob. Pouvez-vous nous rappeler pourquoi ce groupe de travail avait été crée ?

Ce groupe de travail sur l’apprentissage a été créé afin de compléter et d’approfondir les travaux menés dans le cadre du Livre Blanc sur l’apprentissage, du plan de modernisation sociale, de la loi sur la décentralisation. Le but était d’examiner, en particulier, les moyens de développer ce mode de formation dans un nombre plus importants d’entreprises et de rappeler aux apprentis qu’ils peuvent devenir des patrons, en reprenant ou en créant une entreprises.
Il s’agit donc de faire de l’apprentissage une voie d’excellence et non plus une voie de repli mal valorisée, au rabais. Ce groupe d’études a confirmé qu’il faut tirer l’apprentissage vers le haut et faire disparaître cette connotation négative qu’il a, tant chez les jeunes et chez leurs parents qu’au sein de l’Education nationale. Il s’agit de montrer que l’apprentissage est un véritable volet de l’instruction publique, où la formation et la qualification se font au plus près des besoins de l’entreprise, et qu’il mène également vers les niveaux supérieurs. La loi sur la cohésion sociale, par son volet apprentissage, va justement dans ce sens.

Pendant très longtemps, le monde de l’éducation et celui de l’entreprise se sont tournés le dos, ce qui n’a pas facilité l’insertion professionnelle des jeunes. Comment peut-on améliorer la connaissance de l’entreprise chez les jeunes mais aussi chez les enseignants ?

Notre groupe d’études a dégagé des propositions visant à améliorer ce lien entre l’entreprise et le système scolaire : parrainage des collèges et des lycées par des entreprises, meilleure connaissance du monde de l’entreprise par les enseignants (formation à développer à l’IUFM). La prochaine loi sur l’école devra affirmer ce lien encore trop faible et le renforcer.

L’apprentissage est encore souvent présenté comme une « filière au rabais ». Pourtant, les formations les plus prestigieuses ont-elles aussi recours à ce procédé (ENA, écoles de commerce…), comment redorer le blason de l’apprentissage et le développer dans l’enseignement supérieur ?

Le blason de l’apprentissage sera redoré si on fait comprendre qu’il permet de former des élèves parfaitement qualifiés et adaptés à la vie de l’entreprise et qui peuvent devenir de futurs repreneurs d’entreprises voire de véritables entrepreneurs. L’apprentissage contribue à maintenir ou à revitaliser le tissu économique. Il constitue notamment une réponse adéquate aux besoins des métiers des PME-PMI de proximité, qui renforcent justement la cohésion sociale.

Quelle serait la forme et l’objectif de la « grande école de l’apprentissage » pour laquelle vous militez ?

La forme de la « grande école de l’apprentissage » prendra corps notamment grâce à l’amélioration du cadre tutoral et de la formation des maîtres d’apprentissage prévue par le projet de loi sur la cohésion sociale. Une prise en compte des acquis de l’expérience et la création de modules complémentaires de formation pour une meilleure connaissance des divers types d’entreprises, sont également prévues. Car la véritable école de l’apprentissage, c’est bien l’entreprise, mais en lien étroit avec l’Education Nationale. L’objectif est véritablement de créer une Haute Ecole de l’apprentissage offrant un troisième cycle de haut niveau et reconnu en matière d’apprentissage. »

Enfin, comment expliquez-vous que les grandes entreprises fassent aussi peu appel à l’apprentissage ?

L’apprentissage a trop longtemps été soumis à des dispositions contraignantes pour les entreprises. Le volet apprentissage de la loi de cohésion sociale a pour but d’encourager l’embauche d’apprentis et simplifie les démarches en la matière. Il prévoit par exemple un allègement des dispositions sur l’autorisation d’allongement de la durée d’apprentissage. Il permet la prise en compte des besoins spécifiques de certains métiers (notamment concernant les horaires de travail). Il prévoit la création d’unité de formation par apprentissage, simplifie les contrats aidés en les unifiant et améliore le cadre tutoral. Enfin, il encourage l’embauche de jeunes handicapés en apprentissage grâce à un crédit d’impôt.

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