Entretien avec Pierre Lasbordes

Par UNI Archives

Le 10 février 2002 à 0h00

UNI

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Action étudiante : Parmi les obstacles rencontrés parles étudiants chercheurs pour mener à terme leurs travaux de recherche, le financement des thèses est une constante. Le gouvernement Jospin n’a absolument rien fait sur ce sujet. Quelles mesures permettraient de remédier à cette situation préoccupante ?

Pierre Lasbordes : Il est vrai peu de choses ont été faits depuis 4 ans pour améliorer la situation des doctorants. Aujourd’hui, un doctorant peut obtenir dans certains cas des aides financières pour la préparation de sa thèse sous la forme d’une allocation de recherche et d’un monitorat ou de bourses d’organismes nationaux de recherche, d’entreprises privées (CIFRE) ou d’associations… Mais force est de constater que ces aides financières sont très variables dans leurs montants comme dans leurs contenus (protection sociale). Malgré ce constat, le gouvernement n’a pris aucune mesure concrète pour éviter de telles disparités. Pour attirer les jeunes vers les carrières scientifiques, il faut avant tout harmoniser les taux de bourses, ouvrir le monitorat à d’autres tâches que celles de l’enseignement et poursuivre la revalorisation de l’allocation de recherche dont l’augmentation ponctuelle de 5.5 % en 2002 dont on ne peut que se féliciter ne suffira pas à combler le retard accumulé depuis plusieurs années. La situation est préoccupante et l’on ne peut tolérer qu’au XXIe siècle, des étudiants qui travaillent dans des conditions difficiles, voire précaires, ne soient pas reconnus. Les pouvoirs publics se doivent d’agir pour que les doctorants ne soient pas les « oubliés » de la communauté scientifique.

Action étudiante : La recherche contribue largement à la grandeur et à la renommée d’une nation. Quelles devraient être les futures priorités d’un gouvernement pour doper cette ambition ?

Pierre Lasbordes : La Recherche est essentielle pour garantir la capacité d’innovation et le dynamisme de notre économie. Dès lors que l’on considère la recherche comme un enjeu stratégique pour l’avenir de la France, il faut s’en donner les moyens et faire de la recherche une priorité nationale pour que nous restions dans le peloton de tête des pays à fort potentiel de recherche. Faire de la recherche une priorité nationale, c’est mettre en valeur par des réformes de structure nos outils de recherche. Pour y parvenir, développons une culture de confiance plutôt que de défiance, octroyons davantage de crédits publics, incitons les entreprises à investir plus dans la recherche et enfin allégeons les procédures administratives si spécifiques à la France et qui entravent fortement notre efficacité dans un secteur aussi concurrentiel que celui de la recherche.

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