Par UNI Archives
Le 22 avril 2007 à 16h14
Les derniers développements de l’actualité nationale prêtent à certains commentaires, souvent issus des journaux étrangers (il faut dire à ce propos que les observateurs peuvent être classés en deux catégories : d’une part, ceux qui, hors d’Europe, relatent l’actualité des pays du Vieux Continent avec impartialité, en s’adressant à des lectorats ou des spectateurs plutôt exigeants ; d’autre part, les journalistes des états européens, qui, bien souvent, ne comprennent pas la France, ou la regardent avec la stupéfaction de visiteurs d’un musée archéologique, et en l’occurence idéologique !).
La plupart du temps, leurs regards permettent de sortir la tête du quotidien “franchouillard”…
1. Droite(s) et gauche(s)
Les observateurs étrangers, en particulier les anglo-saxons, s’émerveillent, écarquillent les yeux ou se moquent de la campagne politique française en constatant que figure dans la liste des candidats officiels pas moins de sept (7 !) prétendants issus de la mouvance de gauche extrême et/ou radicale ; leurs explications tarabiscotées échouent à définir les différences et les programmes de ces témoins vivants de la préhistoire politique mondiale.
Le plus connu est José BOVE, so chic !, et la plus bizarroïde sans conteste Arlette LAGUILLER, bien que Gérard SCHIVARDI ne soit pas mal non plus…
Pour les journaux et télévisons étrangers, cette présence extra-ordinaire, qui permet au trotskysme de bénéficier des 7/12ème du temps de parole de la campagne officielle, est bien le signe du retard pris par le peuple français dans la perception des évolutions du monde contemporain. Sentimentalement attachés à des valeurs et revendications obsolètes, infantilisés, épouvantés par les discours bobos anti-progrès et anti-capitalistes relayés sans cesse par des médias libertaires, les Français sont bernés, selon les journalistes, et délibérément maintenus dans l’ignorance et les a-prioris. Aucun des programmes de nos dinosaures gauchos ne tient un instant la route, mais le romantisme gaulois les pare encore de vertus et de qualités depuis longtemps oubliées par les peuples avertis.
Bien sûr, la plupart des journaux estiment que, au contraire de 2002, ces courants ne devraient pas obtenir plus de 10% en cumulé, et que le réservoir qu’ils pourraient constituer pour la candidate socialiste serait ou sera bien faible, pour peu qu’elle vienne à se qualifier au second tour.
Et là est la deuxième remarque que se font les médias étrangers, en Allemagne surtout. La ZDF relève depuis le début du mois d’avril la stagnation “préoccupante” des intentions de vote en faveur de Ségolène ROYAL, toujours deuxième des sondages, talonnée par François BAYROU, voire supplantée dans de rares cas. Après avoir rappelées les circonstances de sa désignation par le parti, les Allemands de l’ARD ou de RTL notent que Ségolène ROYAL a voulu se démarquer de l’appareil de son parti, au nez et à la barbe de son compagnon Secrétaire national (situation atypique relevée par beaucoup de magazines spécialisés, comme Die ZEIT…). Programme bizarre, improvisations, approximations, hésitations, courses thématiques à la remorque de Nicolas SARKOZY, sont les reproches principaux qui lui sont faits par les journaux européens en général (voir El Mundo depuis mars 2007…).
Car c’est bien le candidat de la droite, bien Nicolas SARKOZY, qui donne le la, même si François BAYROU est regardé et présenté comme l’OVNI politique de la campagne. En effet, Nicolas SARKOZY est perçu comme le pôle principal de la campagne, par rapport auquel tous les autres candidats se situent ou réagissent. Depuis le mois de janvier, l’ensemble des thèmes de campagne ont été lancés par le candidat de l’U.M.P., amenant les autres prétendants à se placer en contre ou à réagir pour se démarquer significativement. Le rythme est sarkozien, et les suiveurs du peloton donnent l’impression de s’échiner sans génie pour demeurer à sa hauteur.
En même temps, la présence de deux candidats de droite dure ou extrême, Philippe de VILLIERS et Jean-Marie LE PEN, donne une clef commode aux analystes de tout poil pour expliquer un peu vite les raisons de l’émergence de thèmes portant sur l’identité nationale, la sécurité ou la défense de la culture française. Pour beaucoup, ces thèmes serviraient à draguer sans vergogne des électeurs habituels du leader frontiste ou de son concurrent souverainiste.
On osera dire ici que ces thèmes enfin repris à leur compte par une droite décomplexée, ne sont ni la propriété exclusive ni la caractéristique principale des mouvements et des chefs de la droite anti-européenne. Il semble plutôt que ces vertus et ces valeurs aient enfin été dégagées de la gangue de discrédit dans laquelle elles avaient été ficelées avec habileté par les gauches depuis 1968 au moins (voire la fin de la Deuxième Guerre Mondiale…). Il fallait bien un homme de la trempe de Nicolas SARKOZY pour oser le faire. Et bien le faire, comme le note avec étonnement les commentateurs de la BBC ou de la RAI 1 (journaux et communiqués de fin mars 2007).
L’opinion commune est que, pour la première fois, depuis l’instauration de la 5ème République, l’affrontement se réalise entre deux camps clairement identifiés, la droite ou son candidat n’endossant plus les habits commode d’un centre-gauche ou -droit de combinaison. Nicolas SARKOZY est à droite, le dit, le répète et reprend les thèmes développés par ce côté de l’échiquier politique dans tous les autres pays européens ou nord-américains. Il semble bien que, quitte à choquer ou à repousser, il n’hésite pas à se présenter tel qu’il est, avec un programme idéologique complet.
2. Le sentiment national
Le dernier exemple frappant est celui du thème de l’identité nationale et de l’amour de la patrie. Alors qu’il était encore il y a peu quasiment interdit de se dire patriote ou fier d’être Français, sous peine d’être rejeté violemment dans le camp des nationalistes et des xénophobes primaires, c’est avec une pointe de provocation que le candidat U.M.P. a embrassé ce problème et ce projet, en scandant avec force son attachement au pays. Fureur attendue du camp du politiquement correct ; stupéfaction des médias habitués à l’émollience des débats, et réaction majoritairement positive de l’opinion publique, exaspérée d’être tournée sans cesse en ridicule par les donneurs de leçons : la stratégie de Nicolas SARKOZY a mis en lumière le besoin de la population de se réunir autour de ses fondamentaux et son histoire, et a obligé tous les autres candidats à s’exprimer sur ce sujet.
Résultat ? Le P.S. engoncé dans ses vieux habits internationalistes a dû encaisser le coup des drapeaux dans chaque foyer français et la Marseillaise à la fin de ses meetings (mollement reprise par un auditoire encore habitué à l’Internationale !…). Tous éléments qui ont démontré l’archaïsme de 8 des 12 postulants sur ces sujets touchant à l’intime et à l’affect du peuple français.
Les dernières années ont connu un vaste mouvement et de nombreuses campagnes de dénigrement et de rabaissement de l’oeuvre nationale et de l’histoire du pays : tous coupables depuis des lustres, il nous fallait expier, pour tout, tout de suite et en remerciant par dessus le marché !
Faisant preuve d’un révisionnisme incroyable, les censeurs, les redresseurs de tort patentés et les habitués de la flagellation publique étaient parvenus à répandre une sinistrose et un climat de repentance artificiels, leur permettant d’engranger les fruits discutables de leur propagande.
Le discours de Nicolas SARKOZY satisfait aujourd’hui l’envie de se sentir fier à nouveau d’être Français : plutôt que de dénigrer, il exalte le meilleur du génie de la nation, les grandes heures, les gloires, les grands hommes et les mythes fondateurs. Depuis le temps que nous avions été contraints de fouiner dans la fange de notre histoire, nous avions pu perdre l’habitude de louer nos prédécesseurs ; Nicolas SARKOZY a réveillé nos glorieux ancêtres et convoqué dans des discours simples et francs les grandes épopées et les heures les plus riches, pour rallumer une flamme nationale depuis trop longtemps agonisante…
C’est, à notre sens, une stratégie payante, en voix comme en dynamique, car on ne peut construire ou réparer que dans la joie et l’enthousiasme, avec une idée claire de la direction et des moyens à mettre en oeuvre, avec l’aide de citoyens optimistes, sûrs de leurs talents et heureux de bâtir pour leurs enfants.
P. MOREL
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