Par UNI Archives
Le 20 juin 2007 à 18h48
Le second des élections législatives est donc survenu, et Alain JUPPE a payé pour les approximations de communication sur la TVA sociale. Sa défaite est bien triste car elle frappe un homme remarquable, personnellement, intellectuellement, politiquement et historiquement. En réalité aussi sensible qu’il est intelligent, cette défaite inattendue a marqué celui qui voyait dans cette nouvelle échéance devant le peuple le dernière preuve indispensable de son total retour en grâce. Réélu, redevenu pleinement élu du peuple et donc pardonné de ses erreurs judiciaires, il aurait donné sa pleine mesure dans son super-ministère. C’était visiblement son but, cela aura été sa faute, et la seule victime remarquable de la boulette médiatique de Jean-Louis BORLOO le soir du premier tour… Injustice, fatalité…
Pour le reste, ces résultats qui ont pu surprendre quelques uns appellent à quelques remarques et commentaires…
1. Résultats généraux
Au soir de ce 17 juin 2007, les résultats finaux sont moins triomphants que prévus pour la droite UMP-Nouveau Centre.
Avec 321 sièges pour l’UMP et 21 pour le Nouveau Centre, la victoire s’avère plus mitigée qu’escomptée.
En effet, la gauche renverse la tendance qui semblait se dessiner au premier tour, d’un raz-de-marée de droite, obtenant 228 députés au lieu de 177 en 2002. Le parti socialiste remporte la majeure partie de ces sièges, avec 204 élus, ce qui en fait définitivement LE parti d’opposition.
Les Verts obtiennent quatre sièges grâce à leurs accords avec le PS.
La parti communiste (PCF) poursuit son déclin tout en sauvant la face et en évitant un naufrage trop tôt annoncé (partie remise ?). Avec 18 députés contre les 22 sortants, la formation d’un groupe sera plus facile que prévu.
Le Mouvement Démocrate (MoDem) de François BAYROU bénéficie de la campagne cahotique de l’UMP au second tour, ses quatre élus sauvant une ambition bayrouïenne en péril.
Le MPF (2) arrache les deux derniers sièges de cette Assemblée nationale plus étonnante par son équilibre que prévu.
2. L’Assemblée nouvelle
Que l’on retourne la question dans tous les sens, et les réponses étant nombreuses, les raisons de cette victoire moins flamboyante qu’espérée sont connues pour la plupart : l’irruption de la question de la TVA sociale dans le débat, erreur de timing impardonnable, a cristallisé autour d’elle les électeurs de gauche et anti-gouvernementaux en déhérence, donnant à ce second tour plus d’importance que cela n’aurait dû en en avoir, après le très beau score de Nicolas SARKOZY à la présidentielle.
Si les 321 sièges de l’UMP et les 21 sièges du Nouveau Centre assurent la majorité de vote, l’importance de la gauche (226) lui permettra de faire entendre sa voix de façon plus claire encore que dans la chambre sortante.
3. Perspectives de la Législature
La Législature qui commence sera donc plus difficile, et certainement plus dure aussi, lorsque les dossiers et les projets de lois seront présentés devant l’assemblée. La tentation de guerilla procédurière permanente, les dénonciations rapides et démagogiques, et les vitupérations théâtrales ne manqueront certainement d’animer les débats et le travail parlementaires.
Pour l’opposition française, ce sera même son premier devoir, puisque la tradition l’exige, et que la concertation et l’esprit de coalition n’existent pas chez nous. Tout sera dit mauvais, et tout sera fait contre, à n’importe quel prix, et même à celui de la sincérité et de l’honnêteté intellectuelle !
4. L’avenir à gauche
De toute façon, nous assisterons d’abord, dans un premier temps peut-être assez long, au règlement des comptes ouverts entre les éléphants, les dinosaures et les jeunes fauves du parti socialiste. De premières rumeurs le laissent penser, et pour le dire virilement, ça va saigner !
Après la rupture officielle du pseudo couple HOLLANDE-ROYAL, et l’annonce par cette dernière de sa candidature au poste de premier secrétaire, toutes les factions socialistes se sont mises en ordre de bataille, fabiusiens, hollandiens, strauss-kahniens, royaliens, et quelques autres, comme MONTEBOURG sauvé des eaux, qui a annoncé le lâcher de “jeunes lions” au soir de sa réélection !
Le premier parti de gauche va se déchirer, entre responsables, entre lignes politiques, et entre réforme et conservatisme. Si tant de responsables socialistes ont accepté d’entrer dans les gouvernements FILLON I et II, c’est peut-être pour éviter d’être méler à cette énième guerre des égos et des démagos ?!
Sur son aile gauche, le PCF sous perfusion et à l’électrocardiogramme plat, ne peut espérer que la mansuétude d’une partenaire aujourd’hui seul en mesure de vaincre, et encore assez compatissant pour l’épargner dans ses derniers bastions.
Quant aux trotskystes, encore une fois, leurs derniers communiqués revendiquent une contestation systématique du processus électoral, auquel ils prennent part tout en l’accusant d’être une mascarade et en prenant leur part de subventions en même temps. Rien à attendre de ceux-là, sauf des grèves et des violences…
5. Le MoDem de BAYROU
Sur l’aile droite du PS, dans le no man’s land idéologique qui le caractérise, le MoDem de François BAYROU a réussi à sauver plus que sa peau, avec l’aide de l’UMP tout de même.
Ces quatre élus paradoxaux, aussi bien dans leur attitude, leur discours et leur positionnement, seront, en réalité, la vraie curiosité de cette XIIIème Législature. Comment voteront-ils, ces bayrouistes ? Avec qui ? pour quoi et dans quel but ?
Le second tour a démontré que son électorat est majoritairement issu de la frange sociale-démocrate de la gauche, qui a voté à 54% pour les candidats PS au second tour.
On apprend que l’un de ces trois derniers grognards, Jean-Christophe LAGARDE, pourrait rejoindre en réalité le groupe des 21 Nouveau Centre animé par Hervé MORIN et André SANTINI. Que restera-t-il à BAYROU ? Se taire et essayer d’éviter la fronde de ses sénateurs qui, menés par Jean ARTHUIS, considèrent que la stratégie de rupture a été un suicide politique ?
Les 78000 adhérents revendiqués pourront-ils être conservés et le parti éphémère sauvé ?
6. LE PEN…
C’est aussi cette question que l’on devrait poser en voyant les résultats en berne du Front National de Jean-Marie LE PEN.
Il est le loin le temps déjà où l’extrême droite influençait les résultats de plus de quarante circonscriptions dans des triangulaires incertaines. Seule Marine LE PEN a pu se maintenir, pour un résultat médriocre. Argent et moyens institutionnels vont donc diminuer, et les couteaux sortir dans les couloirs silencieux du Paquebot à la dérive. LE PEN à la retraite, le Front à nouveau groupusculaire ? Là encore, comme pour le PCF, les prochains mois vont être cruciaux, pour les comptes et la survie politique du FN…
P. MOREL
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