Interview de Fiona pour Studyrama : “Le système de notation du Bac 2020 a été des plus indulgent”

Par Fiona Idda

Le 22 juillet 2020 à 9h19

UNI

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Les résultats du Bac atteignent un taux record cette année : pas moins de 95,7% d’admis après les rattrapages ! Un chiffre qui a grandement fait polémique, notamment au sein de l’association UNI-Lycée qui dénonce un important gonflement des chiffres qui pourrait bien porter préjudice aux futurs étudiants qui entameront leurs études supérieures… Nous avons discuté avec l’un de ses membres, Fiona, afin de mesurer les enjeux de ce Baccalauréat inédit.

Bac « gratuit », « donné » ou même « volé », il est clair que les critiques à l’encontre de cette session 2020 du Baccalauréat ont été plus virulentes que jamais. En effet, pour beaucoup le contrôle continu a contribué à décrédibiliser le diplôme déjà mis à mal depuis quelques années.

En quoi trouvez-vous les chiffres du Baccalauréat particulièrement choquants cette année ? A quoi est-ce dû selon vous ?

Le taux de réussite est particulièrement haut cette année avec 95,7% de réussite contre 88,1% en 2019. Ce haut niveau d’admission est notamment dû au système de notation qui a été des plus indulgent cette année, s’appuyant sur un contrôle continu total, des moyennes par matière relevées au point supérieur et un jury d’harmonisation à qui il a été demandé d’être plus que jamais bienveillant. Cela pose de vraies questions sur le niveau des élèves et leur capacité à réussir dans l’enseignement supérieur, la vraie inquiétude est qu’en donnant le Bac d’une façon aussi large on se retrouvera face à un échec de masse l’année prochaine.

Ce qui est d’autant plus choquant c’est l’abandon total du mérite dans l’Education nationale, en effet un tel taux de réussite gomme complètement les notions de mérite et de travail pour laisser toujours plus de place au nivellement par le bas.

Ne pensez-vous pas que le contrôle continu était le moyen le plus égalitaire et sécurisé d’évaluer les candidats cette année ?

Le contrôle continu était la façon la plus simple pour le ministère d’organiser les choses et ils s’en sont contentés. Il y a d’autres moyens de sécuriser des examens, le fait de ne pas pouvoir s’y adapter est simplement la preuve que nos capacités numériques sont des plus faibles. On a d’ailleurs pu s’en rendre compte avec l’enseignement à distance et ce malgré le fait que la plupart des enseignants ont fait leur maximum pour maintenir une continuité pédagogique, nos ressources numériques étaient bien trop insuffisantes pour permettre l’accompagnement nécessaire en cette période.
De plus le moyen “le plus égalitaire” est frustrant car il efface complètement le mérite des élèves ayant travaillé dur sur l’ensemble de leur scolarité, ce à quoi nous nous opposons avec force.

Pour quelles solutions auriez-vous opté, au lieu du contrôle continu ?

Il aurait fallu combiner le contrôle continu avec d’autres moyens d’évaluations, comme des oraux ou des devoirs surveillés. Le fait que le troisième trimestre ne soit pas pris en compte est la preuve que l’enseignement à distance n’a pas été à la hauteur et donc que le ministère n’a pas su s’adapter à cette situation de crise comme il aurait dû. Nous constatons un vrai manque de volonté de la part du ministère, et un abandon des lycéens qui vont être totalement perdus une fois arrivés dans les études supérieures. Il n’y aura non seulement plus de place dans les universités, qui devront pousser les murs pour accueillir les primo-entrants, mais ce sera également une catastrophe car les étudiants n’auront pas le niveau requis pour réussir à suivre le rythme.

Pensez-vous que la réforme du Bac saura redonner sa valeur au diplôme ?

Non, la réforme du Bac est la preuve que tout le monde a conscience que le Bac ne vaut plus rien, mais sans en prendre la mesure. On nous vend une réforme qui, au mieux, donnera exactement les mêmes résultats que le Bac actuel.
C’est d’une vraie réforme de fond dont l’Education nationale a besoin, et non pas d’une simple réforme du Bac.

Pourriez-vous donner des conseils aux élèves inquiets afin qu’ils puissent se remettre à niveau avant d’entamer les études supérieures ?

Le premier conseil serait de ne pas perdre le rythme ou plutôt d’en retrouver un. Les élèves sont à la maison depuis mi-mars et même si la situation est compliquée, l’enseignement supérieur ne peut encore baisser ses exigences et il faudra travailler dur dès la rentrée. L’objectif est donc de bien réviser ses cours durant les vacances, de se remettre à niveau notamment en ce qui concerne la rédaction et, pour les plus motivés, de commencer à se familiariser avec des ouvrages de 1ère année en fonction de leur filière.
Aussi, il ne faut pas hésiter à demander conseil en prenant contact avec des associations présentes dans l’enseignement supérieur. L’UNI-Lycée est la branche lycéenne de l’UNI qui est présente dans l’enseignement supérieur, et chaque année nous répondons aux questions des nouveaux étudiants pour les aider au mieux à cette transition lycée-enseignement supérieur qui risque d’être encore plus compliquée cette année.

Retrouver l’interview : https://www.studyrama.com/actualite/le-systeme-de-notation-du-bac-2020-a-ete-des-plus-107204

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