“J’ai donné des garanties aux étudiants”

Par UNI Archives

Le 4 décembre 2007 à 10h44

UNI

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Alors que le mouvement de contestation dans les universités semble s’essouffler, la ministre de l’Enseignement supérieure Valérie Pécresse fait le point sur les actions engagées par le gouvernement.

Nicolas Sarkozy vient d’annoncer une privatisation de 3% d’EDF qui permettra de dégager 5 milliards d’euros pour un grand plan campus. C’est un cadeau tombé du ciel ?

Non, ça fait plusieurs mois que nous travaillons avec le président sur ce scénario. Seulement il fallait d’abord que la loi autonomie soit votée. Parce que cette loi va permettre aux universités d’acquérir la compétence immobilière et d’être plus responsables et plus libres dans ce domaine. L’immobilier universitaire est devenu un facteur clé d’attractivité et d’épanouissement pour les étudiants, les enseignants et les personnels. Or aujourd’hui 28% des bâtiments universitaires ne sont pas aux normes !

Quels seront les campus prioritaires ?

Je ne peux pas donner le nom des sites dans l’immédiat. Nous allons fonctionner par appels à projet, mais aussi en regardant les contrats de projet Etat-Région 2007-2012 car certaines réflexions ont déjà été engagées. L’idée, c’est de faire des interventions volontaristes et de grande ampleur sur les campus les plus dégradés mais aussi de constituer des campus modèles qui auront une forte visibilité à l’international, et enfin d’accélérer les travaux de rénovation qui sont actuellement en cours.

Le parti socialiste se demande si ces 5 milliards vont bien servir aux campus et s’ils ne viennent pas financer des projets déjà en cours…

C’est un pur procès d’intention alors que par ses actes le gouvernement a fait de l’université sa priorité

Allons-nous assister cette semaine à la fin des blocages d’universités ?

C’est encore trop tôt pour le dire, mais on sent une nette décrue puisqu’il n’y a plus qu’une vingtaine de sites perturbés à des degrés très divers. Ce qui me revient de Pour la plupart des présidents d’universités c’est qu’il est désormais possible d’assurer les cours dans des conditions satisfaisantes.

Deux sujet beaucoup ont animé les débats : les financements, et l’encadrement de la loi sur l’autonomie des universités. Avez-vous le sentiment d’avoir beaucoup modifié votre réforme par rapport au départ ?

Non, la loi est intacte. Elle a été concertée, débattue au parlement, adoptée, et elle est train d’être appliquée par les universités. Simplement En revanche, j’ai donné des garanties pour rassurer les étudiants quand à son contenu. Mais des garanties que je leur avais toujours donné : pas de hausse des frais d’inscription, pas de risque de privatisation, pas de désengagement de l’Etat, pas de sélection à l’entrée… Rien de tout cela n’était dans la loi ! De même pour les lycéens, j’ai accepté qu’on fasse que la circulaire à valeur réglementaire sur l’orientation active, rappelle que l’accès à l’université est libre, ce qui est le texte même du code de l’Education.

Mais alors qu’est-ce que les discussions avec les syndicats étudiants ont vraiment modifié ?

J’ai décidé d’aller plus vite sur les chantiers qui vont apporter des changements concrets dans la vie des étudiants : les aides sociales, les bourses, la lutte contre l’échec en première année à l’université, comment donner un emploi à chaque jeune qui entre à l’université, comment avoir des locaux modernes et adaptés au XXIe siècle… C’est pourquoi dès janvier, un 6ème échelon de bourse va être crée pour les 100 000 étudiants les plus défavorisés. Ils toucheront en 2008 des bourses d’un montant de 7,2% supérieur à ce qu’ils ont touché en 2007.

Beaucoup d’étudiants continuent de s’inquiéter de l’entrée de capitaux privés dans leurs universités

C’est paradoxal parce que ce sont les étudiants eux-mêmes qui nous ont demandé de mettre l’insertion professionnelle dans la loi, comme troisième mission de l’université. Lorsqu’on nous dit « les entreprises ne sont pas philanthropes, elles n’investiront pas dans l’université si elles n’ont pas un retour », je réponds qu’au contraire, elles l’auront ce retour ! Des jeunes qui parleront des langues étrangères, qui auront appris l’informatique, qui auront étudié dans de bonnes conditions matérielles, c’est un atout pour l’emploi et pour les entreprises.

Les intérêts des entreprises ne vont-ils pas influer sur le contenu des formations, privilégier certaines au détriment d’autres…

D’abord il faut savoir qu’une grande majorité des universités dans les villes moyennes sont pluridisciplinaires, avec aussi bien des secteurs scientifiques que de sciences humaines. Si elle sont bien insérées dans un territoire, elles bénéficieront des fonds des entreprises de ce territoire. Nous allons les encourager. Après il y a la question des grands pôles universitaires. Là, nous allons organiser des regroupements très ambitieux autour de « pôles de recherche et d’enseignement supérieur » qui réuniront par exemple les 4 universités bordelaises, ou les 3 universités strasbourgeoises. Chaque pôle deviendra le porteur de l’ambition commune, celui qui donnera la visibilité internationale, rassemblera les écoles doctorales, la recherche, mais aussi les grandes écoles. A terme, je souhaite que nous ayons 15 ou 20 pôles de ce type et qu’aucune université ne reste isolée.

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