La France : Identité et racines chrétiennes

Par UNI Archives

Le 27 avril 2012 à 15h38

UNI

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Nicolas Sarkozy est l’un des hommes de pouvoir les plus caricaturés. On lui reconnait certes une grande activité, une volonté forte, une détermination sans faille, mais on pense qu’il est trop plongé dans l’action pour réfléchir sur certaines des questions les plus profondes qui se posent à la France du 21ème siècle, et qui s’imposent avec une acuité particulièrement vive à ceux qui exercent le pouvoir politique au plus haut niveau. Un examen objectif des faits dément totalement cette image dépréciative.

Une première preuve en est donnée par le fait que Nicolas Sarkozy ne s’est pas contenté de diriger quelques coups de projecteur fugitifs sur des points particuliers, au gré des sujets d’actualité. Il a formulé ses idées de façon explicite, organisée et concentrée, en particulier en deux occasions.

D’abord, le 20 décembre 2007, lorsqu’il a été intronisé comme chanoine d’honneur de la basilique de Saint-Jean de Latran. Ce titre, conféré pour la première fois à Henri IV, s’est transmis depuis lors à presque tous les chefs d’Etat français, en particulier aux présidents de la 5ème République, à l’exception de François Mitterrand. Nicolas Sarkozy a prononcé un grand discours dans lequel il expose, de façon précise et approfondie, les principes qui régissent les rapports entre la France et l’Eglise Catholique, non pas seulement les rapports formels et officiels, mais surtout les rapports historiques les plus intimes et les plus essentiels. Il est revenu brièvement sur ce sujet le 8 octobre 2010, à l’ambassade de France auprès du Saint-Siège.

Plus tard, le 3 mars 2011, en plein cœur de la France, au Puy-en-Velay, le président de la République a prononcé une allocution qui est une véritable méditation sur l’identité française.

Ce qui est d’abord frappant, lorsqu’on est saturé du style flasque, grisâtre et passe-partout de la plupart des discours politiques de ces dernières décennies, c’est le ton et le vocabulaire. Au lieu des périphrases laborieuses destinées à éviter les termes propres afin de respecter les interdits édictés par le politiquement correct, on retrouve employés dans un sens très laudatif les mots qui appartiennent au fonds de la pensée politique française, mais qui avaient été pratiquement exclus ou diabolisés : identité, racines, héritage, spirituel, transcendance, prière, sacrifice, civilisation, âme, beauté, tradition.

La simple lecture de cette liste fait apparaître une autre caractéristique de ces discours : la cohérence. Impression confirmée par le fait que certains mots se trouvent dans les deux principaux discours, malgré la différence des sujets, et reviennent fréquemment, comme de véritables thèmes. Les deux plus employés sont identité (toujours dans le sens d’identité nationale de la France) et héritage (au moins neuf fois chacun) d’après un dénombrement sommaire. Le premier, en particulier, provoque de véritables cris hystériques chez les tenants de la bien-pensance. On les comprend, car cette notion fait voler en éclats le sinistre idéal d’une France communautaire, multiculturelle, en perpétuel changement. Le sens du mot est encore renforcé quand il est associé, dans la même phrase, précisément au mot héritage. « Protéger le patrimoine, protéger l’héritage de la France, c’est défendre les signes les plus tangibles de notre identité » (Le Puy : LP)

Voici quelques exemples significatifs de l’emploi de ces deux termes.
« Arracher la racine, c’est perdre la signification, c’est affaiblir le ciment de l’identité nationale, c’est dessécher davantage encore les rapports sociaux, qui ont tant besoin de symboles de mémoires » (Latran : L)

« …Dans ce monde paradoxal, obsédé par le confort matériel tout en étant de plus en plus en quête de sens et d’identité… » (L)

« Ces paysages qui nous entourent font partie intégrante de l’identité de la France » (L.P).

« N’opposons pas [les Lumières et le christianisme]. Il y a un continuum. Il y a une addition qui fait l’identité si particulière de la France » (L.P)

« Cette tradition d’aide et de réconfort fait partie de notre identité… [Ceux qui la maintiennent] contribuent par leur engagement à l’image, mais aussi à l’identité de la France » (L.P)

« La France n’oublie pas qu’elle a avec l’Eglise 2000 ans d’histoire commune, (…) un trésor inestimable de valeurs morales, de culture, de civilisation qui sont inscrites au cœur de son identité » (Vatican V)

« Une nation qui ignore l’héritage éthique, spirituel, religieux de son histoire commet un crime contre sa culture » (L).

« Cet héritage (…) nous oblige. Cet héritage est une chance, mais c’est d’abord un devoir. Nous sommes obligés par cet héritage, (…) nous devons l’assumer, cet héritage, sans complexe et sans fausse pudeur » (L.P)

« Donc protéger notre patrimoine, c’est protéger l’héritage de la France » (L.P)

Ces citations sont déjà significatives par leur accumulation et par l’insistance avec laquelle elles sont formulées. Elles le sont aussi parce qu’elles montrent la diversité et la richesse de ces notions, qui sont éclairées de divers points de vue : historique, philosophique, moral, artistique, esthétique, religieux, géographique, patrimonial. Elles le sont enfin par les réseaux qu’elles entretiennent, entre elles, évidemment, mais aussi avec d’autres thèmes présents dans les discours, tels que celui des racines ou celui des relations anciennes, intimes et profondes entre la France et la religion, l’Eglise, spécialement l’Eglise catholique.

On dira sans doute qu’il était naturel que ces relations fussent évoquées au cours de voyages officiels au Vatican. Mais on est aussi obligé de remarquer que, dans son discours du Puy-en-Velay, Nicolas Sarkozy rappelle « une évidence : l’apport de la chrétienté à notre civilisation » et réaffirme : « La chrétienté nous a laissé un magnifique héritage de civilisation et de culture ». Et puis, à notre époque d’intenses communications, le président de la République savait bien que l’audience de ses discours officiels ne resterait pas confinée au cercle étroit de ses auditeurs directs. Il était attendu sur ce sujet brûlant et, bien loin de l’estomper, il a tout fait pour conférer à ses prises de position une portée et un éclat propice à retenir l’attention et à susciter les commentaires passionnés. Sur le sujet des « racines », qui a fait couler tant d’encre et de salive, le président de la République déclare sans ambigüité : « Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes ». L’adverbe essentiellement a ici toute sa force. Le Christianisme n’a pas simplement exercé sur la France une influence en quelque sorte quantitative, il est constitutif de son essence même.

Nicolas Sarkozy se montre presque provocant lorsqu’il va jusqu’à affirmer : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le Bien et le Mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ». Il ne pouvait pas ignorer que cette formule frappante susciterait les fulminations tonitruantes des tenants d’une laïcité dans la ligne du « petit père Combes » au début du 20ème siècle, ce qui n’a pas manqué de se produire.

Cette formule tranchante est enchâssée dans une phrase riche de signification. Cette différence entre le Bien et le Mal, dont l’instituteur est invité à s’inspirer, oppose une fin de non recevoir au relativisme en faveur dans certains secteurs de la pensée moderne, contre lequel Benoît XVI met souvent en garde. Quant à l’espérance, pour laquelle est porté l’engagement du prêtre, ce n’est pas simplement un vague espoir engendré par un optimisme de commande, c’est bien la vertu théologale qui est évoquée. On en a la preuve dans l’affirmation de l’interprétation entre la foi et l’espérance : « un Homme qui croit, c’est un Homme qui espère ». Preuve encore plus éloquente dans cette citation de Bernanos, reprise à son compte par le Président de la République : « L’optimisme est une fausse espérance à l’usage des lâches. L’espérance est une vertu, une détermination héroïque de l’âme ». Voir le président d’une République laïque s’engager, dans un discours officiel, jusqu’aux confins de la théologie chrétienne, il y a de quoi faire s’étrangler les « bouffeurs de curés » encore présents dans notre pays. Décidément, lorsque Nicolas Sarkozy prône une « laïcité positive », l’adjectif est au moins aussi important que le substantif.

Ainsi, la religion catholique est-elle vue avec une profonde sympathie, au sens fort de ce terme, et même, semble-t-il, de l’intérieur. Elle fait en tout cas partie éminemment de la réalité française. Le déclin de son influence est déploré avec nostalgie : « La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres n’ont pas rendu les Français plus heureux, c’est une évidence ». Le président s’adresse avec émotion aux membres des congrégations, aux évêques, aux prêtres, aux séminaristes. « Je mesure les sacrifices que représente une vie toute entière consacrée au service de Dieu et des autres. […] Je sais aussi que la qualité de votre formation, le soutien de vos communautés, la fidélité aux sacrements, la lecture de la Bible et la prière vous permettent de surmonter ces épreuves ». On trouve aussi, dans le discours du Vatican, l’amorce d’un thème qui reviendra souvent par la suite : « une réalité trop souvent oubliée, la présence des chrétiens en Terre Sainte. »

Il n’est pas exagéré de dire que dans les grands discours, presque dogmatiques, de Nicolas Sarkozy, on trouve en condensé une sorte d’anthropologie cohérente qu’on pourrait résumer à grands traits.
L’Homme a une âme. Il ressent « le besoin profond […] de trouver un sens à l’existence ». Tous les Hommes ont une tendance naturelle […] à rechercher la transcendance. Le fait religieux, c’est la réponse des religions à cette aspiration fondamentale ». Cette réponse, l’Homme ne la trouvera pas pleinement auprès de l’instituteur, il a beaucoup plus de chance de la trouver auprès du prêtre. Il doit faire la différence entre le Bien et le Mal. Il a « le droit d’être ému devant le beau. […] On ne peut pas débattre que du petit, que du laid ». Tout ceci s’oppose au relativisme et à « la dictature du présent, à la dictature de l’immédiat […] de l’interchangeable où tout se vaut, où rien ne se mérite plus, où tout à la même valeur », où notre Histoire et notre culture sont abandonnées » sur l’autel de l’immédiateté, de la facilité et de la pensée unique ».
« La France a aussi une âme ». Elle a des « racines chrétiennes », elle a avec l’Eglise « 2000 ans d’Histoire commune » qui lui ont apporté « un trésor inestimable de valeurs morales, de culture, de civilisation qui sont inscrits au cœur de son identité. » On a bien l’impression que âme, héritage, civilisation, identité sont indissociablement mêlés pour constituer l’être de la France.
Sur ces questions essentielles comme sur beaucoup d’autres, Nicolas Sarkozy a fait éclater un certain nombre d’interdits étouffants que la « pensée unique » (qu’il dénonce explicitement) fait peser sur la pensée et les sentiments, surtout en France. Aucun président, aucun dirigeant important n’avait célébré aussi fortement l’identité de la France et ses racines chrétiennes. Encore aujourd’hui, on est frappé par la hardiesse, la netteté et le courage des propos tenus, d’autant qu’ils l’ont été non par l’homme privé, mais par le président de la République parlant en cette qualité. Il est capital pour notre pays que ces positions prises au nom de la France ne soient pas démenties dans les urnes par une majorité d’électeurs hostiles ou inconscients. On peut au moins attendre que les chrétiens attachés à l’héritage de leurs valeurs traditionnelles méditent les propos présidentiels et en tirent en toute bonne foi toutes les conséquences.

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