La résidence Jean Zay d’Antony.

Par UNI Archives

Le 6 juillet 2009 à 16h25

Image La résidence Jean Zay d’Antony.

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La question du logement étudiant est une des priorités du chantier « Vie étudiante » que la ministre a lancée en juin 2007. Elle se pose de manière singulière en Ile-de-France, territoire qui rassemble de nombreux établissements d’enseignement supérieur, et de nombreux étudiants pour lesquels les loyers sont particulièrement élevés. En Ile-de-France, la question du logement doit donc être envisagée de manière globale afin d’assurer que des réponses pérennes soient mises en œuvre sur l’ensemble de ce territoire, en prenant en compte par exemple l’offre de transports en commun qui permet une mobilité inter-académique.
C’est dans cette perspective que la question de la résidence Jean Zay d’Antony pose problème.


En effet, la Résidence Universitaire d’Antony (RUA) demeure le plus grand ensemble de logements sociaux étudiants en Europe (2 100 chambres sur les 13 000 que comptent les CROUS d’Ile-de-France ce qui représente à peu près 17 %). Construite dans les années 50-60, la résidence devait être le fer de lance de la modernité (le nec plus ultra). Alors que les meilleurs designers participent à la décoration de la RUA (Prouvé, Perriand et Mouille), les bâtiments se dégradent rapidement, et ce malgré l’argent public qui est injecté (près de 113 millions d’euros depuis sa construction), quoique disent les socialistes…

Toutefois, la mainmise par les communistes dans la gestion de la résidence est importante et illustre la volonté de créer une résidence universitaire sur le modèle marxiste (salle de travail animées par des Groupes d’Etudes, collectivismes dans les activités extra-scolaires…). Par ailleurs, le ministre de l’Education nationale Christian Fouchet, demande au niveau directeur de la RUA, ancien président de l’UNEF, de s’attaquer au monopole du PCF sur la résidence. Dès lors, on comprend mieux les nombreux heurts et grèves qui ont secoués la résidence Jean Zay. Voilà pourquoi, il y avait 120 salariés pour 2500 étudiants, ce qui représente 1 salarié pour 20 étudiants.

Pire, alors que 600 millions de francs avaient été débloqués pour la réhabilitation en 1964 (soit même pas 8 ans après son inauguration), la commission de sécurité exige une mise en conformité 6 ans après. On parle alors des « bas-fonds » d’Antony, les viols ont lieu et le maire d’Antony, Georges Suant déclare le 10 décembre 1974 : « La Cité n’a d’universitaire que le nom, que l’on y est en état d’insécurité permanente, que l’on s’y drogue et s’y prostitue ».
Un cas de tuberculose est découvert en 1997, mais camouflé par la direction du CROUS. Des chambres sont classées insalubres par la DDASS. Malgré cela bon nombre d’étudiants vivent dans des conditions d’hygiène déplorables. Toutefois, il n’y a pas que des étudiants, à l’exemple de Boubacard Diallo, membre du bureau du syndicat FO, ouvrier logé dans la résidence ou encore Fodhil Sidibé lui-même ouvrier.

La réputation de la résidence Jean Zay apparaît catastrophique aux yeux des étudiants qui n’hésitent pas à déconseiller de venir à Antony : « C’est la pire cité universitaire que j’ai jamais vu…D’un côté, tu as l’autoroute A86, de l’autre le commissariat et de la sous-préfecture. L’intérieur de la Cité U !!! Le pire ! J’imagine que tu partageras ta douche avec 4 personnes. La propreté là-bas, connaît pas. C’est très sal et mal famé. J’ai deux amis qui y étaient et la vie leur a été impossible pendant 1 an…Ils ont déménagé rapidement ».
En bref, la gestion des logements sociaux étudiants ressemblent à celle des logements sociaux traditionnels. Toujours plus d’argent sans une réelle prise de conscience d’une réorganisation par le fond. Quand on sait que la réhabilitation d’un bâtiment de 300 logements coûte en moyenne 7,5 millions d’euros, nous pouvons mettre en doute l’efficacité d’avoir mis 113 millions d’euros dans la réhabilitation de la Résidence Jean Zay. N’y a-t-il pas un souci dans la bonne gestion de l’argent ? Avec ces 113 millions nous aurions pu réhabiliter deux fois l’ensemble de la Cité Universitaire d’Antony en 40 ans d’existence.

Les raisons qui poussent certaines organisations étudiantes, l’UNEF en tête, apparaissent beaucoup moins louables que les soucis des étudiants. Il s’agit d’un symbole, puisqu’Antony, à l’instar de Nanterre, illustre la lutte étudiante. Il suffit pour s’en rendre compte de voir le fond de l’AERUA (Association des Etudiants de la Résidence Universitaire d’Antony) aux archives du Centre d’histoire sociale du XXe siècle. Dans la masse échelonnée de 1963 à 1974, nous trouvons de quoi restituer l’atmosphère étudiante à Antony : tracts, journaux, programmes politiques de dizaines d’associations toujours engagées à gauche ou à l’extrême gauche révolutionnaire (tracts du PCF, pour le Vietnam, contre l’ordre public, amitié avec l’Union Soviétique, patrons=flics=assassins…). Aux élections des représentants des résidents du 14/11/1968 les élections sont remportées par l’Union Syndicale (SUD) et par Continuons le Combat (CC).

Dès lors, nous comprenons l’importance pour les syndicats d’extrême gauche de garder la main mise sur les résidences et notamment la plus importante de France, celle d’Antony. A l’exemple de ce qui se passe dans des quartiers et des villes le mode d’action de la gauche reste inchangé : faire de l’assistanat et du clientélisme…La proposition de M. Devedjian n’a pas pour objectif de réduire le nombre de place en résidence, au contraire puisque pour 1 logement détruit, il s’engage en en construire 1,2. Il veut en réalité casser le monopole d’une seule résidence, noyautée par des syndicats politisés, et promouvoir de petites unités afin de rompre avec le principe de « cité ». Enfin, seuls les nostalgiques de mai 68 regretteront la résidence Jean Zay, pas les étudiants. Triste fin pour une résidence qui porte le nom de l’ancien ministre qui avait créé les Œuvres Universitaires.

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