Par UNI Archives
Le 20 juin 2011 à 18h11
Le premier colloque organisé par l’UNI et le Centre d’Etudes et de Recherches Universitaires, CERU qui s’est déroulé le mercredi 25 mai dernier, a permis de rassembler autour du thème « L’école de la transmission », les principaux acteurs du monde de l’éducation ainsi que des élus.
« Quelque part, la tragédie de l’épreuve d’agrégation d’histoire montre la crise de la transmission » c’est ainsi qu’Hervé Mariton, député (UMP) de la Drôme, a ouvert le colloque de l’UNI. Il réagissait à la révélation d’une « erreur » dans la présentation du texte soumis aux candidats pour l’épreuve d’histoire médiévale début avril. « Les membres du jury ne se sont donc pas posé beaucoup de questions sur l’histoire de ce texte, censé être du XVe siècle et daté en réalité des années 1960. Ils n’ont pas passé le temps nécessaire pour vérifier son origine. Et c’est un jury d’agrégation ! “, et de conclure : « Quand on abandonne l’idée d’acquérir des connaissances, on se camoufle derrière le drapeau des compétences. Or les deux objectifs doivent êtres poursuivis », affirme-t-il, en allusion au socle commun de connaissances et de compétences.
Pour Claire Mazeron, vice-présidente du SNALC, « la transmission c’est la passation de connaissances, de savoir-faire et de pouvoirs ».
La syndicaliste diagnostique « une triple crise de la transmission : celle du contenu », celle de « comment transmettre » et enfin la question du « public à qui s’adresse l’enseignant, dans un contexte de massification qu’on a confondu avec la démocratisation ».
Ensuite, Claire Mazeron déplore « la dérive techniciste actuelle », car « l’école utilise largement les Tice au risque de privilégier la forme sur le fond ». « On ne sait pas toujours ce qu’on transmet mais cela donne une apparence de modernité, comme si l’outil était une fin en soi. »
Par ailleurs, la vice-présidente du Snalc récuse « l’approche par tâtonnements », préconisée par l’expérimentation « La main à la pâte » soutenue par l’Académie des sciences. « Il manque aux élèves la formalisation de la connaissance, pour une application rapide des principes. »
Aussi, Claire Mazeron pointe du doigt un “échec manifeste du collège unique”, fait remarquer que « les moyens sont déjà considérables, qu’il faut les réorienter sur les savoirs fondamentaux ». Elle déplore une approche idéologique : “Certains ne sont jamais revenus de l’idée qu’il faut adapter les savoirs à l’origine sociale des élèves” qui s’exprimerait également dans une « apologie des théories constructivistes, même si on en revient un peu ».
Elle regrette que « depuis quelques années, on a tenté de faire croire que l’élève pouvait construire lui-même son savoir » et le fait que “L’école devienne un lieu de vie où l’on apprend des comportements et plus un lieu de transmission”. Elle met en avant la nécessité de la liberté pédagogique de l’enseignant ” et constate que « lorsque l’on passe son temps à lutter contre les violences, on ne peut plus transmettre”.
Claudine Caux, alors présidente de la PEEP, est intervenue pour rappeler plusieurs points que son organisation considère comme primordiaux “Les premiers éducateurs sont les parents, ils se doivent d’éduquer leurs enfants”, “les enseignants devraient rencontrer le milieu professionnel”, “les enseignants ont une place, les parents en ont une autre. Elle est complémentaire.” Elle fait remarquer très justement que « si les parents ne respectent pas les enseignants, les élèves ne les respectent pas non plus” .
Armelle DUGUE, Directrice de l’Office Franco-québécois pour la jeunesse, a montré l’action de cet organisme bi gouvernemental dans des programmes de mobilité axés sur le développement et le perfectionnement professionnels et le maillage des réseaux. Au Québec, une prévention très précoce du décrochage scolaire est mise en place, on parle d’ailleurs de programme de persévérance scolaire. Selon la directrice, en France, la mobilité doit aujourd’hui être considérée comme un outil à la réinsertion scolaire et au raccrochage scolaire.
Albert-Jean Mougin, vice-président du Snalc-CSEN, se montre critique sur la mise en œuvre hypothétique de l’autonomie dans le secondaire : « l’autonomie et l’expérimentation sont les principes retenus par manque de courage politique pour donner les bonnes solutions ». Désormais « on parle de ‘territorialisation de la France’ et on donne la possibilité pendant cinq ans de créer des programmes particuliers dans des établissements particuliers, sur des territoires à l’autonomie certaine. Ce que nous craignons, c’est de voir toute référence nationale s’estomper », explique le syndicaliste. Une situation qui « aboutira à la féodalisation du fonctionnement de nos établissements sur les territoires de la République, soumis aux pressions locales diverses, économiques, culturelles ou politiques ».
Claude Boichot, inspecteur général et correspondant du médiateur de l’académie de Paris, initiateur des « cordées de la réussite », explique : « si vous n’organisez pas la diversité, vous restez face à une hétérogénéité et vous aurez des difficultés à montrer à chacun qu’il peut réussir ». Il résume sa pensée ainsi : “Quand le premier de cordée se met au niveau du 2ème, la cordée dévisse”.
Un avis partagé par Jacques Legendre, président UMP de la commission des affaires culturelles au Sénat : « Il faut maintenir des passerelles au collège. Le débat doit être rouvert pour instiller plus de souplesse, utiliser différentes approches, différentes pédagogies, pour tenir compte de la diversité humaine, tout simplement. » Le sénateur ajoute qu’il faut également veiller à « préparer les enseignants à avoir des élèves qui sont loin d’être ceux des standards définis par l’Éducation nationale ».
La salle aura été très réactive. Parmi les interventions, un ancien enseignant a fait remarquer que les enseignants devraient vouvoyer systématiquement les élèves et plusieurs personnes ont réagi sur l’importance du lien avec le monde professionnel.
Programme du colloque : http://uni.asso.fr/spip.php?article10137
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