Dans l’esprit de nombreux Français, les fonctionnaires sont garants du service public. Pourquoi dites-vous, c’est le titre de votre livre, que les fonctionnaires sont contre l’Etat ?
Les fonctionnaires se sont retournés contre l’intérêt général, car à force de vouloir sanctuariser leur statut, leurs retraites différentes de celles du privé, etc… ils se sont focalisés sur leur intérêt. C’est un système qui, finalement, devient tellement centré sur lui-même qu’il n’est plus au service de la collectivité, et donc plus au service de l’Etat.
Vous dites aussi que c’est le lobby le plus puissant. Que défend ce lobby, avec quels intérêts, quels moyens ?
Ce lobby est très fort car il bénéficie d’une alliance objective entre les hauts fonctionnaires et les syndicats. D’une part les hauts fonctionnaires ont tout intérêt à conserver un statut qui leur permet notamment de faire de la politique sans risque. En effet, contrairement à leurs homologues d’autres pays, les hauts fonctionnaires français peuvent se faire élire en conservant leur statut, ce qui leur offre un formidable parachute en cas de défaite.
De l’autre côté, les syndicats défendent ce statut car ils bénéficient de financements très importants sur les deniers publics. En France, comme le dit le conseiller d’Etat Hadas-Lebel, 80% des financements des syndicats proviennent de la poche des contribuables, c’est-à-dire des collectivités locales mais aussi directement de l’Etat, des ministères, etc…
Rendons-nous compte qu’aujourd’hui, on ne sait absolument pas combien de professeurs sont mis à 100% à disposition des syndicats ! L’éducation nationale annonce le chiffre de 2000, mais à notre avis, le chiffre est plus élevé. Pourquoi ne pas faire preuve d’un minimum de transparence sur ces sujets ?
Dans votre livre, vous dites que les fonctionnaires sont aussi sur le pavé, les alliés des syndicats, car depuis quelques années le nombre de grévistes dans la fonction publique est plus élevé que dans le privé.
Absolument. Dans les années 70-80, 5% seulement des jours de grève étaient le fait du public, aujourd’hui le rapport s’est totalement inversé. Désormais, plus de 60% des jours de grève déclarés le sont dans le secteur public. C’est vraiment incroyable ! Par exemple, durant la réforme des retraites, les manifestants étaient principalement des personnels des ministères, que ce soit de l’Education nationale mais aussi des impôts, de l’agriculture, ou des personnels des grandes entreprises publiques.
Pour contourner la loi sur le service minimum, les grévistes ont fait preuve d’innovation. Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
Oui, bien sûr ! Ils s’adaptent aux changements du système. Depuis le vote du service minimum en juillet 2007, ils ont mis au point des grèves de 59 minutes, qui permettent de faire moins d’une heure de grève et donc de ne pas avoir un jour entier non rémunéré.
Cela permet, en contournant le système, par des grèves tournantes, de désorganiser complètement le trafic, notamment dans les transports en commun.
Quand bien même son application n’est pas encore optimale, le service minimum a, je le note dans mon livre, beaucoup apporté. Pourtant une question reste en suspens : tous les jours de grève ne sont-ils vraiment pas payés ? Rien n’est moins sûr.
Si dans l’ensemble ça s’améliore, on a toujours l’impression qu’il faut avancer contre un lobby extrêmement fort et très organisé. Au moment de la réforme des retraites, on a senti que les personnels publics étaient les plus déterminés, alors que la réforme adoptée était plutôt timide à leur encontre. Ce qu’il fallait faire, c’était une réforme universelle, c’est-à-dire un système de retraite universel, avec les mêmes règles pour tous. Sur ce sujet, nous faisons face à une véritable réticence, et ce, même au plus haut niveau des personnels publics qui ne veulent absolument pas disposer du même système de retraite que le personnel du privé. En effet, ils savent très bien que si le taux de remplacement est sensiblement identique aujourd’hui entre le public et le privé, celui du privé va chuter dans les prochaines années et ils ne veulent pas avoir à subir cette baisse.
La France a-t-elle les moyens d’entretenir 5,2 millions de fonctionnaires ?
Le premier problème, c’est que ce nombre ne baisse pas, parce que quand d’un côté l’Etat essaie difficilement de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant en retraite, de leur côté les collectivités locales embauchent encore plus de personnel. D’un côté, on supprime 33 000 postes et de l’autre, on embauche 40 000 personnes !
Les Allemands, dont les services publics sont appréciés, ont 30% de fonctionnaires de moins que la France. On a donc un vrai défi à relever. Mais ce que l’on sait moins sur l’Allemagne, c’est que sur les 4,5 millions de fonctionnaires allemands – pour 80 millions d’habitants – 60% sont embauchés sous contrat de droit privé.
Dans mon livre, je propose de revenir sur l’extension du statut qui a été faite à l’ensemble des agents publics. Comme le font les Allemands et les Britanniques, on pourrait garder un statut public recentré autour des missions régaliennes de l’Etat (la défense, la police, la justice, une partie du budget et une partie de la diplomatie) et pour les autres, on les emploierait sous des contrats de droit privé qui suivraient les mêmes règles que ceux qui sont applicables à leurs concitoyens salariés du privé.
C’est un vrai tabou car, aujourd’hui, si on propose cela en France, on a l’impression de dire un gros mot, quand bien même tous les autres pays d’Europe ont déjà réformé leur statut “à vie” du public. Il faut se dire que ce statut est finalement un objectif de réforme très intéressant, notamment dans le cadre de 2012.
Comment peut-on évaluer la qualité du service public et la performance de l’administration ?
C’est très difficile car d’après les enquêtes d’opinion, on se rend compte que les Français ne sont pas si mécontents que cela. Avec 55% des dépenses nationales pour la fonction publique, si les Français n’étaient pas contents, ce serait absolument terrible. Cependant, quand on creuse un peu, on note que seul 30% des Français sont satisfaits de leur service des impôts et qu’à peine 18% le sont de Pôle Emploi. On peut donc légitimement dire qu’il reste d’énormes efforts à accomplir.
Il est difficile d’évaluer les services publics. La meilleure façon de procéder consiste encore à mettre les acteurs en concurrence. Il est donc nécessaire d’établir des comparaisons. C’est ce que la fondation IFRAP a fait pour évaluer le coût de l’enseignement privé par rapport à l’enseignement public. Les écarts ont incroyables : le privé coûterait près de 2000 euros de moins par an et par élève à la collectivité.
Pour comparer, il faut avoir accès aux données et pouvoir chiffrer pour chaque service public ce qui est comparable. Le service de l’eau par exemple, est-il moins cher s’il est géré par une régie publique ou par une entreprise ? C’est un énorme travail et cela demande aussi de faire tomber des tabous, car si l’on part toujours du principe que le privé sélectionne, qu’il n’est pas ouvert à tous, qu’il ne fait que, par exemple, “privatiser les dividendes” et “nationaliser les pertes”, eh bien évidemment on est dans une impasse totale de réflexion et de discussion. Les autres Européens sont plus pragmatiques que nous. Les Suédois, par exemple, font gérer leurs hôpitaux publics par des chaînes de cliniques privées et s’en trouvent très heureux.
Finalement, on se rend compte que les Européens se fichent un peu que ce soit un personnel sous statut ou une entreprise sous monopole qui lui délivre un service. Avant tout, ce qu’ils veulent, c’est que le service soit à l’heure, qu’il soit efficace et que la qualité du service rendu soit à la hauteur de l’argent dépensé.
Les Français sont, sans aucun doute, aussi pragmatiques que leurs voisins européens, simplement cela fait des années qu’on leur dit des choses qui ne sont pas tout à fait justes et je crois qu’il faut commencer par rétablir en la matière certaines vérités.
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