Liquidez mai 68 ?

Par UNI Archives

Le 5 mai 2008 à 23h23

UNI

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J’avais 5 ans en 1968… Mais j’ai encore le souvenir de mon père, ayant délaissé sa Sicile natale dans un état de grande pauvreté, qui ne comprenait guère ce qu’il appelait une « révolte de petits bourgeois ». Je reconnais pleinement que ce mouvement a introduit des espaces de liberté individuelle dans une société corsetée et rigide. Mais il faut aussi reconnaitre que ces cadres ont permis à la génération de l’après-guerre de relever un pays en ruine pour en faire la quatrième puissance du globe. Autrement dit, cette société rigide a rendu possible les trente glorieuses, une période exceptionnelle de rattrapage économique qui a permis de rendre économiquement possible des aspirations d’un ordre supérieur. Mais il semble qu’il existe comme une loi d’évolution des sociétés en vertu de laquelle des générations de fourmis finissent par engendrer des générations de cigales…

En comparaison de leurs aînés, la génération 68 fut bénie des dieux. Il ne s’agit pas de mettre tout le monde dans le même sac, en collant une étiquette réductrice à toute une génération. Mais les leaders les plus charismatiques du mouvement de mai 68 ont mangé la soupe capitaliste des trente glorieuses dans laquelle ils n’ont eu de cesse de cracher au nom d’une critique hystérique du libéralisme révélatrice de leur ignorance fabuleuse des principes économiques. Ils ont connu la révolution sexuelle sans le sida. Ils ont rejeté des parents qui avaient connu les privations, la guerre et la souffrance. Ils ont laissé pousser des enfants sans cadre sous prétexte de ne rien interdire et d’expérimenter des méthodes pédagogiques progressistes. Ils ont profité de tous les acquis sociaux, s’empressant de partir aujourd’hui à la retraite (avec anticipation) avec le pactole et une espérance de vie en augmentation de sorte que la durée de vie à la retraite sera bientôt aussi longue que la vie active.

Qui paiera ? Les enfants et les petits-enfants pardi, lesquels vont hériter de dettes et d’impôts nouveaux !

Les porte-paroles de cette génération gâtée, non contents d’avoir profité de cette miraculeuse conjonction d’avantages, non contents d’être nés au bon endroit au meilleur moment, terrorisent toujours les âmes, imposent leurs valeurs et leurs références intellectuelles, font régner une police de la pensée inflexible qui ne tolère aucune contradiction.

Ils sont installés dans les murs de Radio-France où ils professent leur marxisme décalé, débattant doctement de la crise du libéralisme ou de la fin du capitalisme tandis que Serge July nous assomme avec sa chronique d’ancien combattant sur la plus grande radio de France. Ils ont pris les rennes de l’université où ils formatent encore les esprits sans aucune préoccupation de la réalité qui vient pourtant chaque jour démentir ses postulats erronés. Les mouvements lycéens et étudiants font désormais partis des rituels imposés. Et ceux qui ont le malheur de ne pas de se conformer à ce format sont immédiatement traités de fascistes ou de réactionnaires. Avec eux, il n’y a pas de demi-mesure ! C’était cela aussi l’esprit de mai 68.

Ils devraient pourtant faire preuve de plus de modestie. D’abord, ils se sont plantés sur toute la ligne dans leur lecture de l’histoire, cautionnant les pires régimes politiques. La plupart était maoïste au moment où Mao précipitait des millions de chinois dans la famine au nom de la révolution culturelle, la pire période de l’histoire de la Chine selon les chinois eux-mêmes.

Ensuite, ils vivent mieux que leurs parents alors que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, une génération a été incapable de transmettre le flambeau de la prospérité, sans doute la croyaient-ils acquise. Et c’est sans doute parce qu’elle a été incapable de transmettre les facteurs de cette prospérité que sont le capital humain (c’est-à-dire principalement la confiance, la morale, la compétence et la connaissance du monde, de l’économie et de l’homme) et l’épargne. L’éducation nationale, qu’elle a proprement phagocytée, n’assure plus son rôle de transmission des connaissances. Elle a toujours condamné cette école « bourgeoise ». Pour elle, l’école doit « fabriquer des citoyens solidaires », entendez par là des moutons incapables de penser par eux-mêmes et de se débrouiller sans l’Etat-berger.

Quant à l’épargne, elle suffit à peine à supporter la charge de la dette publique. Dans ce contexte, que reste t-il pour l’investissement productif, pour le financement plus risqué de la recherche et de l’innovation sans lesquels aucune croissance ne saurait être durable ?
Quelle dignité peuvent avoir des parents qui laissent des factures à leurs enfants alors qu’ils ont eux-mêmes hérités d’un véritable trésor ? Car ils sont nés dans un pays riche et ils laisseront un pays en voie de sous-développement. Mais ils n’auront jamais le courage de l’admettre et ils sauront toujours trouver des boucs émissaires : c’est la faute au grand capital ! Diantre, quelle trouvaille pour ces esprits pétris de dialectique et ces experts en langue de bois. Par pudeur, au lieu de célébrer dans la rue cet anniversaire pittoresque, taisez-vous enfin, laissez la place à d’autres, prenez votre retraite, profitez encore de vos vieux jours, mais de grâce, cessez de donner des leçons.

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