Propos tenus par Nicolas Sarkozy dans le Journal du Dimanche, du 18 juin 2006

Par UNI Archives

Le 19 juin 2006 à 9h44

UNI

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“Je tire du Gaullisme quelques convictions fortes que je veux adapter à notre temps.”


Il y a 66 ans, c’était l’appel du 18 juin 1940. La France était brisée. Alors que tout semblait perdu, alors que les élites ne voyaient d’autre issue que la soumission, le général de Gaulle provoqua le sursaut. C’est le refus de l’inéluctable qui sera à l’origine de la résistance. Les Français doivent se souvenir des belles pages de leur passé car on ne rassemble pas un peuple en lui répétant, à tort, que son histoire n’est traversée que de vilenies et de hontes.

De l’UDR au RPR, j’ai croisé certains de ces hommes qui avaient fait l’histoire par les armes. Je tire du gaullisme quelques convictions fortes que je veux adapter à notre temps.

D’abord, je crois que l’audace intellectuelle et le volontarisme politique sont des nécessités vitales. Dans toute nation, il y a des énergies contraires, il y a une dispute entre le passé et l’avenir. Le gaullisme, c’est l’art, par la rupture, de concilier la tradition et la révolution. C’est le réformisme qui éternise la France et non l’immobilisme. C’est l’action qui nous élève collectivement et non la résignation qui nous divise. De la décolonisation à la sortie de l’OTAN, de la rénovation de nos institutions à la modernisation de nos outils industriel et militaire, Charles de Gaulle fut l’homme des transformations nationales et non l’homme des rafistolages.

Beaucoup préconisent de faire évoluer la France à petits pas, en répétant les mêmes schémas qu’hier. Or, l’Histoire démontre que c’est plus souvent le trop plein de continuité qui provoque les crises que le mouvement. Moi, je préfère les chemins de traverse, celui des indociles et des inclassables, car notre pays a besoin d’une modernisation profonde et parce que notre démocratie étouffe sous le conformisme. A bien des égards, la situation est comparable à celle de 1958. L’avenir ne patiente pas et le monde ne nous attend plus. Une nouvelle donne politique, économique et sociale est urgente. C’est pourquoi je refuse de « laisser du temps au temps » !

Du gaullisme je tire une autre conviction : celle du rassemblement nécessaire des Français. Les vieilles idéologies sont mortes et les vieux clivages sautent les uns après les autres. Autorité et liberté, solidarité et compétitivité, fermeté et générosité : en chacun d’entre-nous ces valeurs cohabitent et cherchent une synthèse politique moderne. Dans cet esprit, l’électeur du Front national comme l’électeur du parti communiste n’appartiennent à personne ! Rien ne pourra m’interdire d’aller les écouter et les convaincre de nous rejoindre.

L’opposition rêve d’une France socialiste dont le « peuple de gauche » serait le fer de lance. Je suis de droite, mais je ne divise pas le peuple français. Je suis pour la France et je veux que notre projet suscite un espoir chez tous ceux qui sont disposés à tenter autre chose afin que l’épanouissement et la réussite de chacun redeviennent des rêves accessibles.

Enfin, il y a un message que je retiens du gaullisme : je crois que la dignité humaine est indissociable du courage et de la responsabilité. Au cours des dernières décennies, notre société s’est formatée et nivelée comme si la vie était devenue une sorte de kit, avec son prêt à pensée, ses garanties, ses formalités… A vrai dire, notre âme s’est comme asséchée. Sommes-nous condamnés à vivre sans inspiration ou sommes-nous encore portés par des idéaux ? Sommes-nous capables d’inventer une civilisation prometteuse ou sommes-nous les spectateurs d’un monde dont nous ne maîtrisons plus ni le sens ni les finalités ? Bref, vivrons-nous à genoux ou debout ? Je crois qu’il existe en chaque Français, un rêve de dépassement, un combat intime, une étoile secrète. Et c’est au responsable politique de leur ouvrir des chemins.

Il faut peu de choses pour relancer la France, mais il faut certaines conditions décisives que ne renierait pas le général de Gaulle : le goût de la vérité plutôt que celui des illusions, le sens de l’innovation plutôt que celui de la répétition, le choix de la droiture plutôt que celui de l’esquive. C’est de la sorte que nous renouerons avec l’espoir.

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