Par Yvenn Le Coz
Le 3 août 2024 à 15h36
L’association Humani’Terre, visée par une une enquête préliminaire pour financement du terrorisme, a des liens étroits avec le syndicat étudiant musulman l’EMF, explique la professeur de droit privé et secréaire générale de l’UNI, Morgane Daury-Fauveau.
Le Figaro révélait, le 17 juillet, qu’Humani’Terre, une association caritative française, faisait l’objet d’une enquête ouverte par le parquet national antiterroriste en novembre 2023 pour financement du terrorisme, association de malfaiteurs terroriste criminelle, blanchiment en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste. L’association est soupçonnée de financer le Hamas avec des fonds récoltés par elle. Des perquisitions ont eu lieu dans les locaux et 36 millions d’euros ont été saisis.
À dire vrai, l’association, qui s’appelait autrefois Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP), est dans le viseur depuis de nombreuses années, notamment du Canada et des États-Unis qui l’ont placée sur la liste officielle des organisations terroristes. En 2003 déjà, le département du Trésor américain a accusé Humani’Terre de financer le Hamas. Cela ne l’a pas empêché de percevoir des subventions publiques françaises (6667 euros en 2022 et 23.464 euros en 2021 ont été ainsi déclarés dans ses comptes annuels publiés au Journal officiel).
Cela n’empêche pas non plus les Étudiants Musulmans de France (EMF), mouvement étudiant présent sur de nombreux campus universitaires, d’organiser, en partenariat avec Humani’Terre, de nombreuses distributions alimentaires pour les étudiants (dans toute la France et dernièrement, au mois d’avril à Nanterre et en mai à Panthéon Sorbonne). Là encore rien d’étonnant.
En 1989, des étudiants musulmans de Bordeaux et de Limoges fondent l’UISEF (l’Union islamique des étudiants de France) qui devient en 1996, les EMF – Étudiants musulmans de France, probablement pour faire oublier qu’un candidat aux élections universitaires de la liste UISEF à Lille était Christophe Caze, membre du gang de Roubaix qui commettait des braquages pour financer le Djihad.
L’EMF fait partie du Forum des organisations européennes musulmanes de jeunes et d’étudiants (FEMYSO). L’association est décrite par Florence Bergeaud-Blackler comme une émanation jeune et transnationale de l’Union des organisations islamiques en Europe (UOIE), structure proche des Frères musulmans et qui représente le courant fondamentaliste de l’islam en Europe.
Quant à l’UOIE, elle est la maison mère de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Selon un ancien de ses cadres, Mohamed Louizi, l’EMF est en réalité le bras étudiant des Frères musulmans dont le but est de faire du prosélytisme dans les facs. Il dit ainsi : «Je devais, en parallèle de mes responsabilités estudiantines déclarées, servir de courroie de transmission de la pensée des Frères Musulmans au sein du monde étudiant» (Pourquoi j’ai quitté les Frères Musulmans , Mohamed Louizi, Michalon, 2016). Comme d’habitude, l’EMF adopte une attitude ouverte et rassurante. Dans ce contexte, on comprend mieux la facilité avec laquelle la pensée antisémite et pro-palestinienne a pu pénétrer les universités.
D’autant que l’entrisme de militants portant des revendications communautaires ne date pas d’hier. Dans un rapport consacré à l’«expression religieuse et laïcité dans les établissements publics de l’enseignement supérieur» en France rédigé en 2013, le Haut Conseil à l’intégration (qui est devenu aujourd’hui l’Observatoire de la laïcité) s’inquiète de «l’émergence d’associations étudiantes communautaristes qui militent pour des droits particuliers et sur des motifs identitaires». Ce rapport a été enterré, exactement comme le rapport Obin de 2004 sur «Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires». Même histoire.
En 2013, le Haut conseil à l’intégration relevait un nombre important d’atteintes à la laïcité à l’université, dans les cours, dans l’affectation des locaux détournés en lieux de culte et au sein des centres régionaux des œuvres universitaires et sociales (CROUS) qui gèrent notamment les conditions de vie et d’études : bourse, logement, restauration ou encore aides sociales. On apprend ainsi, par exemple, qu’un espace collectif de résidence universitaire d’Antony avait été transformé en Mosquée dans les années 1980, 1990 et n’a été évacué qu’en 2008.
Sur son site internet, la devise de l’EMF est «Servir, aider et défendre l’étudiant». Rien ne peut les distinguer d’une gentille association caritative si ce n’est les photos et représentations de femmes sur leur site qui apparaissent toujours voilées. En février 2024, les EMF se sont présentés dans cinq académies sous l’étiquette ludique «Active ton CROUS» à Paris, Lyon, Montpellier, Strasbourg et Lille. Ils ont obtenu un élu à Strasbourg avec 17% des voix. Nous laissons donc prospérer dans nos universités une organisation étudiante partenaire d’une association qui a des liens étroits avec le terrorisme.
Toutefois certains de nos représentants ont une conscience aiguë de la situation. Pour preuve, un colloque s’est tenu récemment au Sénat, coorganisé par le CERU et la sénatrice Nathalie Goulet, intitulé «Frères musulmans, quelle influence sur la jeunesse en France ?». Espérons que cette heureuse initiative soit suivie d’actions fortes, seules à même de mettre un terme à la montée de l’antisémitisme dans nos universités.
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