Il est un sujet tabou à l’université : celui de la sélection. Ce sujet nourrit à gauche tous les dogmatismes qui empoisonnent l’enseignement supérieur depuis trop longtemps.
Il y a sélection à l’université dès l’instant où l’établissement reçoit plus de candidatures qu’il n’a de places d’accueil. Mécaniquement, l’université est alors contrainte, faute de moyens, de sélectionner les étudiants qu’elle pourra accueillir et celle qu’elle ne pourra pas. Le débat que l’on résume maladroitement par la sélection à l’université est davantage en réalité celui sur le critère de la sélection à l’université.
Au prétexte que la sélection selon le niveau des candidats ne serait pas équitable, les universités doivent aujourd’hui utiliser le plus injuste des critères de sélection : la sélection par tirage au sort. C’est ce mode de sélection qui conduit chaque année les universités à accepter des étudiants qui n’ayant pas le niveau d’entrée, devront redoubler ou se réorienter, et par conséquent coûter cher à l’université comme à l’État, tout en laissant sur le bas côté de meilleurs éléments.
Bien sûr, la sélection à l’université ne serait pas nécessaire si le baccalauréat continuait à jouer son rôle de filtre du lycée vers l’Enseignement supérieur. Mais à grands coups d’objectifs chiffrés de diplômés du baccalauréat chaque année, afin de masquer la régression profonde du niveau scolaire français, le baccalauréat délivré à plus de 90% des candidats tant en filière générale que technologique n’a plus aucune valeur. Se ruent vers les établissements d’Enseignement supérieur chaque année plus d’étudiants, rendant ainsi un peu plus d’actualité le débat sur la sélection à l’université à chaque fois.
Dans un récent rapport du comité StraNES (Stratégie Nationale pour l’Enseignement Supérieur) remis au Président de la République le 8 septembre dernier, la sélection à l’université est balayée d’un revers de main. Le comité la refuse en estimant qu’elle « n’est pas la solution », sans autre forme de procès.
À l’inverse, le rapport StraNES propose d’augmenter davantage la proportion de bacheliers chaque année, de fixer l’objectif de 60% de diplômés de l’enseignement supérieur dans une génération – objectif repris par le Président de la République -, préconise que 20.000 doctorats soient délivrés en 2025. Il demande la fin de la sélection entre le Master 1 et le Master 2, alors même que c’est de cette sélection que le diplôme de M2 tire toute sa valeur. Les étudiants souhaitant quitter l’université avec un diplôme sélectif devront donc aller jusqu’au doctorat pour pouvoir se démarquer.
Le comité va donc dans le sens d’une inflation considérable des diplômes. Dans une société où tout le monde serait diplômé, le diplôme de l’Enseignement supérieur n’aurait plus aucune valeur. Ne répétons pas avec les diplômes de l’Enseignement supérieur les erreurs commises avec le baccalauréat. La solution n’est certainement pas plus de diplômes sans valeur par le nivellement par le bas.
Pour refaire des universités des établissements d’excellence : osons dire oui à la sélection !
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