Tolbiac : les étudiants bloqueurs dénoncent l’appel de la présidence aux forces de l’ordre

Par UNI Archives

Le 11 avril 2018 à 10h16

UNI

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La présidence de l’université a annoncé mercredi matin qu’il avait demandé l’intervention du préfet de police. Lequel a rappelé qu’il avait reçu cette demande lundi et n’y avait pas donné suite.

Aucune intervention des forces de l’ordre n’était prévue sur le site de Tolbiac de l’université Panthéon-Sorbonne (Paris-I), occupé depuis le 26 mars par des étudiants opposés à la réforme de l’accès à l’université, a fait savoir la préfecture de police, mercredi 11 avril. Le président de l’université, Georges Haddad, avait prévenu tôt dans la matinée les étudiants et le personnel de l’établissement, par l’intermédiaire du service de presse, qu’il faisait appel aux forces de police :

« La gravité des violences constatées dans le centre Pierre-Mendès-France ne permet plus d’assurer la sécurité des personnes. Georges Haddad, président de l’université, constant dans sa résolution de ne pas faire appel aux forces de l’ordre sauf en cas d’atteinte grave aux personnes et aux biens, considère que la ligne rouge est franchie. Dès lors, il a demandé au préfet de police son concours pour rétablir le fonctionnement habituel du centre. »

Dans un communiqué publié quelques heures plus tard, le préfet de police Michel Delpuech a dit ne pas avoir « donné suite » à la demande d’intervention du président de Paris-I reçue lundi, ajoutant ne pas avoir reçu de « nouvelle demande » depuis.

Sollicitée par Le Monde, l’université Panthéon-Sorbonne (Paris-I) a finalement répondu en fin d’après-midi que son appel au préfet de lundi était « toujours valable dans la mesure où l’état de fait –l’occupation de l’université– se poursuit toujours ». « L’université privilégie le dialogue avec les étudiants et les invite à quitter le centre de façon pacifique », fait-elle également savoir.

« Haddad doit démissionner ! »

A Tolbiac, les étudiants qui occupent le site ont tenu à 12 h 10 une réunion du comité d’information, au cours de laquelle ils ont dénoncé une « mise sous tutelle de leur fac » par le président. « Haddad est un traître, il doit démissionner ! », a crié l’un d’eux. Au mégaphone, une étudiante a clamé : « Nous devons décider collectivement d’un truc pour qu’il n’y ait pas d’évacuation de la commune de Tolbiac par les CRS. »

Un étudiant a proposé un rassemblement devant la faculté, puis une assemblée générale (AG) à 16 heures avec des délégations de tous les secteurs afin d’obliger la direction à s’engager contre une intervention des CRS. Il faut discuter de « la façon dont on s’organise sous le siège policier », a-t-il ajouté.

La réponse de la préfecture, disant ne pas avoir reçu de nouvelle demande d’intervention des forces de l’ordre de Georges Haddad, a surpris les étudiants. « Ce serait donc un coup de bluff de la présidence ? », a interrogé l’étudiante au mégaphone. « Essaie-t-il de donner des gages au gouvernement ? Ou d’effrayer ses étudiants ? Dans ce cas, c’est raté ! La preuve, nous sommes toujours plus nombreux, avec des étudiants d’autres facs qui nous rejoignent », assurait une étudiante interrogée par Le Monde. A ses côtés, un autre ajoutait : « Georges Haddad subit certainement la pression du ministère pour faire la démonstration qu’il ne reste pas inactif. » Pression aussi de la part d’enseignants, dont « certains commencent à s’irriter de la situation », estime un professeur qui soutient, lui, le mouvement.

Pour sa part, sur son compte Twitter, l’avocat Henri de Beauregard fait un lien direct entre le communiqué du président de l’université et les trois référés introduits par l’Union nationale interuniversitaire (UNI – syndicat universitaire de droite) devant le tribunal administratif de Paris, en vue d’une intervention de police et de la levée du blocage. « Cette décision a conduit [George Haddad] à proposer à l’UNI de se désister de ses requêtes, ce que celle-ci a accepté », explique-t-il, avant d’ajouter : « La balle est désormais dans le camp de la préfecture de police. » Un premier recours de l’UNI avait déjà été rejeté samedi par une juge des référés a estimé que l’approche des examens et certaines dégradations au sein de l’université ne constituaient pas « une situation d’urgence » justifiant un recours à la force publique dans un délai de « quarante-huit heures », selon son ordonnance consultée par l’Agence France-Presse.

Occupation reconduite de façon « illimitée »

Lundi, le président de Paris-I avait motivé sa demande d’intervention à la préfecture de police en ces termes : « Suite à la découverte de cocktails Molotov au sein du centre Pierre-Mendès-France et aux violences qui se sont produites dans la nuit du 6 au 7 avril, la sécurité du centre n’est plus assurée. » M. Haddad portait également plainte « pour les infractions commises à l’occasion de cette occupation ». Dimanche, des agents de sécurité avaient découvert cinq cocktails Molotov à l’intérieur du bâtiment, ce qui a déclenché l’ouverture d’une enquête.

Quant aux violences, il s’agit d’échauffourées qui ont éclaté devant la faculté dans la nuit de vendredi à samedi : des jeunes casqués, armés notamment de battes de base-ball, ont lancé des projectiles contre les occupants du site, où se trouvaient quelque trois cents personnes. Ces incidents n’ont fait aucun blessé et ont duré moins d’un quart d’heure. Six personnes ont été interpellées et seront jugées en septembre.

L’occupation de la faculté de Tolbiac a été reconduite de façon « illimitée » lors d’une assemblée générale le 3 avril. Une nouvelle assemblée générale, lundi 9 avril, a réuni un millier de participants, sans que le blocage soit remis en question.

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