Par UNI Archives
Le 23 septembre 2005 à 16h16
Les résultats en allemagne dépouillés dimanche dernier (cf article) ont jeté l’Allemagne dans un imbroglio politique assez inédit : aucun des deux partis pivot de la vie politique allemande ne se trouve en mesure de former un gouvernement à lui seul, ou encore avec ses alliés traditionnels.
Ainsi, le SPD, le parti socialiste, et les Verts, ne totalise que 42% environ des suffrages, ce qui les obligerait à conclure une alliance considérée par beaucoup comme peu probable, avec le FDP, le parti libéral, qui mena une campagne particulièrement féroce contre le gouvernement SCHROEDER sortant. Guido WESTERWELLE, le chef du FDP, eut d’ailleurs l’occasion, lundi 19 au soir de dire de façon très virulente son opposition catégorique à cette solution. D’une part, car l’idée de cotoyer les socialistes le “révulserait”, à la fois politiquement et humainement (il semble que Gerhard SCHROEDER lui soit insupportable…) ; d’autre part, car cela discréditerait son parti vis-à-vis de ses électeurs, résolument hostiles à la politique rouge-verte de SCHOEDER.
La CDU/CSU menée par Angela MERCKEL n’est pas mieux lotie : ses 35% additionnés aux 10% inespérés du FDP ne permettent pas plus d’envisager un gouvernement viable, dirigée par la présente candidate. Deux options ont été clairement présentées : soit une improbable alliance avec les Verts d’un Joschka FISCHER en plein naufrage, ce qui supposerait que soient dépassées les très nombreuses divergences économiques, sociales et écologiques qui existent aujourd’hui entre les représentants des CSU, CDU, FDP et Verts. Cette coalition dite “jamaïcaine” (en référence aux couleurs des partis en cause) ressemble plutôt à un cas d’école, humoristique pour nombre d’observateurs. Soit une grande coalition réunissant le SPD, la CDU/CSU et le FDP, qui permettrait de sortir de façon franche du dilemme actuel, puisque le total de suffrage ainsi regroupé serait de 79% environ : de quoi gouverner à l’aise pour peu que l’on fasse fi là aussi des oppositions idéologiques des partenaires de raison.
Et là évidemment est le bât qui blesse : la campagne a été terrible entre les deux camps, peut-être l’échéance en vue de laquelle les diatribes furent les plus dures de toute l’histoire des élections allemandes depuis 1945 ! Par conséquent, réussir à effacer ce qui a été dit, ce qui a été dénoncé par les uns et les autres sur leurs adversaires, représente un défi tout à fait considérable pour les chefs des formations en discussion. Les militants ont affiché une telle haine de l’adversaire et de tout ce qu’il pouvait représenter, que parvenir à les convaincre d’oublier ou de laisser de côté ce qui a été dit, sera une gageure formidable.
Cette coalition rouge-noire-jaune aura aussi pour conséquence, si elle aboutit, à éliminer les deux candidats actuels, au profit d’un troisième homme (ou femme) susceptible de mieux réconcilier les futurs partenaires de gouvernement : MERCKEL et SCHROEDER devront donc jouer au mieux pour sauver un leadership ébranlé par des résultats trop justes.
Quoiqu’il arrive, l’Allemagne n’avait pas besoin de ce nouveau psychodrame politique, vu sa situation générale actuelle : le tout est d’espérer que, au delà des jeux personnels, les partis auront le bon sens de faire le choix le plus utile au pays. Un choix de bon sens et d’avenir…
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