Un nouveau pacte entre la France et son université

Par UNI Archives

Le 30 janvier 2007 à 11h49

UNI

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Que n’a-t-on pas entendu sur l’université ! Interpellée par les classements de la recherche internationale et sommée de former un million et demi de jeunes Français, l’université française est au coeur de toutes les inquiétudes, de toutes les attentes, de toutes les ambitions. Il est de bon ton d’être sévère avec elle, de souligner ses travers et ses faiblesses, en oubliant un peu vite ses évidentes réussites. Je pense en particulier aux générations de juristes ou de médecins qu’elle a formées. Les ingénieurs français qui, pour la plupart, sont formés au sein des universités sont une référence dans le monde entier. C’est d’ailleurs parce que j’ai confiance en elle que j’ai décidé de rendre à l’université la pleine responsabilité de la formation des enseignants, en y intégrant les IUFM. Mais les Français ont raison d’être exigeants. Il en va de l’avenir personnel de leurs enfants et de l’avenir du pays tout entier. Dans une société de la connaissance, l’université doit être au coeur de l’action politique. C’est la raison pour laquelle, dès notre arrivée, avec François Goulard, nous avons d’abord travaillé à redresser et renforcer la colonne vertébrale de l’université : sa recherche. Après une longue période de concertation, la loi sur la recherche, que nous avons tous les deux proposée, a été votée en avril dernier. Elle donne aux universités les moyens et les outils pour structurer leur politique de recherche : des emplois de chercheurs, une agence d’évaluation de niveau international, des pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) qui permettent de fédérer leurs forces. Les premiers résultats sont là. Il faut aller plus loin encore et se poser en particulier la question de la pertinence du maintien en l’état d’organismes de recherche généralistes en lien mais toujours trop à côté des universités. L’organisation de la recherche française est encore trop peu lisible dans le paysage international et ce manque de lisibilité ajouté à la dispersion des financements constituent des obstacles qu’il faut essayer de lever, en simplifiant les structures, en rassemblant les forces et en harmonisant les statuts des chercheurs et des enseignants-chercheurs. Les PRES comme les 13 réseaux thématiques de recherche avancés labellisés cet automne constituent une première étape et seront le berceau naturel d’une telle évolution.

Mais ces PRES sont aussi des espaces de formation, structurés autour des universités. Car le vrai défi de l’université est là : produire des savoirs, certes, mais aussi les transmettre et permettre l’insertion professionnelle de ses diplômés. La crise du CPE l’a montré : les étudiants de l’université sont préoccupés par leur avenir professionnel. Le gouvernement a travaillé avec eux. Un « Débat national université-emploi », voulu par le Premier ministre, a eu lieu dans toutes les académies. Dès la rentrée 2007 seront mises en oeuvre les premières recommandations de la commission qui a conduit ce débat : une aide à l’orientation accompagnée dès le collège, puis au lycée ; un dispositif d’orientation active des élèves de terminale par une inscription anticipée et la possibilité d’entretiens avec des enseignants-chercheurs des universités pressenties, la consécration des 10.000 places actuellement vacantes en BTS et en IUT à l’intention des étudiants en échec en fin de premier semestre universitaire.

L’entrée dans le premier cycle de notre enseignement supérieur est, pour les non-initiés, un parcours du combattant. Sur ce parcours, l’université accueille trop souvent les plus fragiles et les moins informés de nos bacheliers. Elle est trop souvent un choix par défaut. Les conséquences sont connues : filières engorgées, étudiants perdus, démotivés et finalement laissés au bord de la route. Comment supporter plus longtemps un taux d’échec de 50 % en première année dans les filières générales ? Comment supporter que 80.000 de nos étudiants sortent sans diplôme ? Un tel gâchis humain est inacceptable. C’est pourquoi nous devons renforcer et rendre encore plus performant notre système d’information et d’orientation active et positive avec la garantie donnée aux bacheliers qu’une place leur sera réservée dans notre système d’enseignement supérieur. C’est la première condition de la réussite du plus grand nombre.

Les trois années de licence constituent le socle de l’université : l’effort d’investissement de l’Etat et de la nation tout entière doit désormais se porter prioritairement sur la qualité de la formation proposée dans ce premier cycle. C’est à ce prix que les universités seront en mesure de proposer une offre pédagogique renforcée et différente : plus d’heures de cours, des formations pluridisciplinaires, une spécialisation et une ouverture progressive sur le monde professionnel. Cette formation rénovée, plus complète et surtout mieux encadrée pourrait être conduite au sein d’instituts universitairesqui auraient, dans l’université, une mission clairement identifiée : apporter une culture générale de qualité à tous et conduire les étudiants à découvrir le monde du travail, dans un partenariat renforcé avec l’entreprise. Un diplôme porteur d’espoir pour tous, accessible au plus grand nombre et tremplin vers l’emploi ou la poursuite d’études : voilà ce que doit être la licence de demain. C’est à cette condition que, sereinement, l’on pourra faire du master et du doctorat les formations de haute qualification dont la France a besoin, pour les plus talentueux et les plus motivés des étudiants français et étrangers.

Refonder l’université est une exigence politique qu’il faut mettre au service des étudiants. Elle doit s’accompagner d’une politique sociale plus ambitieuse en faveur des plus modestes d’entre eux. Etablir un vrai système d’aide accessible aussi aux classes moyennes et revaloriser l’excellence par l’accroissement des bourses au mérite sont, à mes yeux, les deux priorités de la refonte de notre système social étudiant.

Les candidats ont raison ! L’enseignement supérieur et l’université en particulier seront un chantier prioritaire du prochain président de la République. Ce chantier nécessitera des moyens supplémentaires, nous devrons aborder ce sujet sans tabou. Il nécessitera aussi une gouvernance des universités améliorée, et une autonomie accrue des établissements. Mais, en préalable, nous devons mener ensemble une réflexion sur la mission de l’université du XXIe siècle. Nous devons écrire une nouvelle page du pacte entre la France et son université. Je souhaite que la campagne présidentielle soit à la hauteur des enjeux. Comme ministre et comme citoyen, je continuerai de prendre part au débat.

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